Une compétition âpre

Quand on regarde les scores de ce NCHA Futurity, on peut penser que la compétition a été d'un niveau modeste. Traditionnellement, le Futurity est un concours où les scores n'atteignent pas les sommets auxquels on peut assister sur d'autres shows. Avec des chevaux de 3 ans qui débutent sur leur 1er concours, c'est plutôt normal. Cela prouve aussi que ces chevaux arrivent un peu verts au Futurity et qu'ils continueront pour la plupart à progresser ensuite. Mais il faut quand même reconnaître que les scores sont restés très bas cette année. Les manches éliminatoires de l'Open se gagnent à 221 et 220 puis la demi finale se gagne à 221. Ces chiffres restent dans une bonne moyenne même si parfois on assiste à de plus gros runs en demi finale. Cependant, pour retrouver une finale de l'Open qui se gagne à 222 ou moins, il faut remonter à 1993 avec BOBS SMOKIN JOSE. Si on regarde les bubble scores, le constat est encore plus sévère. Il fallait scorer 210 pour passer au second de l'Open puis 427 pour entre en demi finale. La grande finale a été ouverte aux chevaux qui ont scoré au dessus de 212. Certaines années, en dessous de 215 personne n'accède à la finale. En Non Pro et surtout en Amateur les chiffres sont encore plus terribles.

Alors compétition au rabais ce Futurity 2008 ? Ce serait oublier la lutte acharnée qui a opposé les 700 chevaux inscrits en Open durant ces 3 semaines. Le niveau de compétition a été très homogène durant tout le concours. En Open, 45 chevaux avaient scoré plus de 430 points durant les deux premières manches. Sur l'ensemble du concours, plus d'une vingtaine de chevaux d'Open ont scoré entre 217 et 221 points. En Non Pro et en Amateur, la compétition a été aussi particulièrement terrible avec beaucoup de chevaux de valeur équivalente. En résumé, plus qu'un faible niveau de compétition, on peut parler d'une compétition acharnée où tout le monde a du composer avec des vaches très difficiles. Les finales ont été un peu imprévisibles cette année et globalement ardues pour beaucoup de cavaliers. Mais sur l'ensemble du show, on a vu de très belles choses et il ne faut pas oublier que ces chevaux ont 3 ans. Beaucoup ont montré de belles choses.

Coup de gueule sur les vaches

Si quelque chose n'a pas toujours été au niveau sur ce Futurity c'est plutôt du côté des vaches qu'on peut trouver un coupable. Comme d'habitude, elles étaient là en nombre. Un show comme le Futurity mobilise quand même plus de 10 000 têtes. Les troupeaux comportaient des génisses habituelles : beaucoup de croisements avec des black angus, herefords, limousine, charolais... Pourtant, à l'image de ce qui se passe sur certains major shows NCHA depuis quelque temps, les vaches ont souvent bridé le niveau de compétition. Dans les classes Amateur et Non Pro, ces vaches ont fait des dégâts considérables empêchant beaucoup de cutters de simplement montrer leur cheval. Parfois trop rapides, d'autres fois beaucoup trop molles, la majorité des vaches durant ce Futurity n'a pas assez regardé les chevaux. On a vu beaucoup de runs jusqu'en finale où les vaches tournaient en rond à 2 mètres des chevaux sans leur prêter aucune attention.

Dans ces conditions, difficile pour des jeunes chevaux de briller. On peut ajouter à ça que ces vaches se sont montrées difficiles à trier. Ca a été le cas en finale de l'Open où on a vu beaucoup de cavaliers perdre énormément de temps à simplement sortir la vache qu'ils voulaient. Ces vaches n'ont pas toléré la moindre erreur. Le moindre défaut de placement, la moindre hésitation du cheval a été sanctionnée immédiatement par de gros retards. Enfin, dernier point négatif sur les vaches, l'inégal qualité des lots. Certains bunches étaient bien moins bons que d'autres. Ca arrive malheureusement mais cette année ca a été trop souvent le cas. Même en finale de l'Open, le deuxième bunch comportait beaucoup de très mauvaises vaches. Cela a pénalisé plusieurs cavaliers qui n'ont pas su exécuter un bon cow pick.

Un bien Beau vainqueur

A écouter Beau Galyean, il a mangé son pain noir avant de l'emporter en finale du NCHA Open Futurity. Au delà de son histoire personnelle, qui le voit rejoindre son frère et son père dans la légende, on retiendra de son run victorieux un deuxième tri venu d'ailleurs. Quelle prise de risque et quelle exécution parfaite ! Rien que pour cela il mérite son titre. C'est un des plus beaux tris qu'il m'ait été donné de voir en Cutting. Oser, en finale du Futurity, aller chercher une vache contre la back fence et l'amener au centre de l'arène en moins de 10 secondes et en traversant tout le troupeau, cela force réellement le respect.

A 28 ans, Beau Galyean a encore prouvé que le Futurity titre le meilleur de la finale. Son cheval a passé les obstacles sans encombres mais sans forcément donner son maximum et une fois en finale il a été là au bon moment. Le showmanship de Beau lui a juste permis de montrer tout son talent. Remporter un go ou une demi finale c'est super, mais c'est en finale, dans le money time, qu'on célèbre les chevaux qui brillent au Futurity. Beau Galyean et METALLIC CAT ont réalisé le coup parfait avec un 222 qui n'a jamais été inquiété dans cette finale.

HIGH BROW CAT encore un peu plus dans la légende
Avec un troisième vainqueur consécutif dans le NCHA Open Futurity, l'étalon du Waggoner Ranch a encore montré que le roi du Futurity c'est bien lui. Avec 6 produits en finale, DUAL REY a bien tenté de jouer les contestataires mais sans succès. Avec 5 chevaux victorieux du NCHA Futurity au total, HIGH BROW CAT dépasse DOC BAR et entre définitivement dans la légende en devenant le meilleur étalon de l'histoire du plus grand concours de Cutting au monde.

Si on ajoute à cela que le Reserve CHampion de l'Open est également un HIGH BROW CAT, que ses 6 produits ont gagné plus de $ 589 000 en finale de l'Open contre $ 347 000 pour les 6 DUAL REY, on comprend mieux l'impact énorme de cet étalon sur l'industrie du Cutting. Sur toutes les finales de ce Futurity, les HIGH BROW CAT ont empoché plus de $ 750 000. Il est définitivement le numéro un de l'industrie, même si DUAL REY aura marqué également ce Futurity de son empreinte avec plus de $ 450 000 de gains pour ses produits en finale.

Des Amateurs plus ou moins éclairés

La NCHA souhaite réformer le statut des Amateurs pour clarifier la composition de cette classe. Sur ce qu'on a vu cette année au Futurity, une réforme s'impose effectivement. La classe Amateur est une classe un peu fourre tout où on trouvait parmi les 300 inscrits des novices, des cutters vétérans, des amateurs, des jeunes... Il en résulte une compétition peu homogène où l'on voit vraiment de tout. La finale de l'Amateur, avec 15 scores de 200 ou moins sur les 27 partants, restera comme la plus mauvaise finale vue depuis longtemps. L'ensemble de la compétition Amateur aura peu soulevé l'enthousiasme. C'est en partie normal puisque cette classe se veut la plus accessible. Mais le niveau de compétition y trop inconstant pour cela garantisse une lutte équitable entre tous les protagonistes. Peut être une classe Novice au Futurity permettrait aux cavaliers qui découvrent ce concours de pouvoir mieux en profiter.

Boyd Rice : un favori qui craque sous la pression

Boyd Rice aura réalisé le Futurity parfait jusqu'en finale. Vainqueur du 1er go de l'Open avec NEVER REYLINQUISH, 12ème avec THIRD CUTTING, 2ème et 3ème à l'issue du second go, vainqueur et deuxième de la demi finale avec 221 sur NEVER REYLINQUISH et 219 sur THIRD CUTTING. Difficile de faire mieux et Boyd Rice semblait à juste titre sûr de son coup. Pourtant, sa finale restera comme un des gros ratés de ces dernières années. Si son 214,5 sur THIRD CUTTING n'a pas été catastrophique, il a semblé quand même sous pression et il est mal entré dans cette finale. Cela c'est confirmé au bout de 10 secondes avec NERVER REYLINQUISH qui a envoyé baladé son statut de cheval star du Futurity en quittant sur sa gauche. Dur retour sur terre pour Boyd qu'on annonçait déjà comme le premier cavalier depuis Tom Lyons à remporter le Futurity NRCHA et le Futurity NCHA. C'est aussi ça le Futurity, le titre fait rêver beaucoup de cavaliers et la pression est terrible sur les épaules des favoris.

Pour autant, NEVER REYLINQUISH aura marqué ce Futurity. Avec 221 au premier go, 215,5 au second puis à nouveau 221 en demi finale, la fille de DUAL REY et de LOOK NEVER MIND a semblé être vraiment une classe au dessus des autres. Achetée par les Husby au cours de ce Futurity, elle aura à coeur de rattraper son erreur en finale sur les premiers Futurities de l'année à Abilene ou Augusta. De tous les 3 ans cette année, elle semble la plus prometteuse et sa carrière de Aged Events devrait vite s'enrichir de quelques trophées. On pourra regretter longtemps son erreur en finale car sur son parcours dans les manches éliminatoires et en demi finale elle semblait mériter la victoire.

Roger Wagner modèle technique

On pourra s'interroger longtemps sur ce qui est arrivé à Roger Wagner en finale dans son run avec ASSCHER CAT où il a scoré 203. Il semblait parti pour lutter pour le podium avant de commetre un erreur stupide sur son troisième tri. Chaque cutter s'est fait avoir au moins une fois comme cela mais c'est rare de voir une telle erreur en finale surtout chez un cavalier aussi doué que Roger Wagner. Arrivé d'Australie en 2001 après un carrière de show fabuleuse sur sa terre natale, il semble quand même aujourd'hui au sommet de son art. C'est un jugement personnel, mais je le considère aujourd'hui comme la référence parmi les meilleurs entraîneurs. Il donne à ses chevaux des bases très solides. Ils prennent le temps de bien lire les vaches et, en cas de problème, reviennent aux bases : stopper, prendre appui et tourner proprement.

Ses chevaux sont des modèles de technique, toujours parfaitement en place. Ils stoppent superbement droits et tournent avec beaucoup d'aisance. Tout est précis, tranchant et c'est vraiment un régal à regarder. Ses chevaux en font parfois moins que certains, mais la maîtrise et la puissance qui se dégagent d'eux est vraiment extraordinaire. Au delà de cette perfection technique, je retieins aussi l'intelligence du travail qui est mené avec Jim Vangilder. Ils choisissent des chevaux, majoritairement des juments, extrêmement puissants qui sont sont monstres physiques et qui viennent souvent de lignée novatrices ou peu en vue comme BOONLIGHT DANCER cette année où encore PLAYDOX il y a quelques temps et bientôt CHULA DUAL. Tout semble fait pour les amener à briller sur le long terme. Quand on voit ASSCHER CAT cette année, on se dit qu'elle devrait briller sur d'autres shows. Le constat est le même pour STRAY KATZ qui pourra aussi marcher dans les pas de juments extraordinaires du Rock Creek Ranch comme QUITAN BLUE, PET SQUIRREL ou RIDE N MERADA.

Randal Lee Chartier la révélation

Pour son 1er NCHA Futurity, le jeune entraîneur qui travaille avec Clint Allen n'a pas fait les choses à moitié. Vainqueur du Limited Open avec HAY MAKER, il place ses deux chevaux en finale de l'Open et score 217 avec HAY MAKER et 216,5 avec PRETTY KATZ. Il empoche en tout plus de $ 266 000 lors de ce Futurity alors que ses gains s'élevaient à ce jour à un peu plus de $ 100 000. Son travail s'inspire bien sûr de Clint Allen mais R.L Chartier a aussi montré une belle attitude en finale : offensif et sûr de lui. Il entre dans la cour des jeunes entraîneurs avec beaucoup de talent et, s'il a la chance de conserver ses chevaux, on pourrait le voir briller en 2009.

Ryon Emerton a lui aussi très bien monté durant ce Futurity. Son cheval QUITE THE FAT CAT a marqué les esprits par la qualité de ses stops. Finaliste en Non Pro avec Mike Rutherford Jr, le puissant cheval par MR PEPPY FRECKLES a tenu des vaches énormes en finale. Plusieurs stops ont provoqué les cris de la foule. Un super cheval puissant et intelligent qu'on devrait découvrir cette année.

CROWN HIM PISTOL prometteur

Le fils de CHIQUITA PISTOL aura attiré pas mal de regards durant tout le Futurity. Très attendu, il ne s'est pas montré décevant. Auteur d'un 218 au premier go, puis de plusieurs scores aux alentours de 216, il a montré un joli potentiel même si son physique semble encore un peu juste. Le style de Tag Rice demande une grosse dépense d'énergie et le petit DUAL REY a parfois semblé à court de carburant durant ses runs. Mais le coeur est là et le style peut être très bon sur des vaches rapides. Ce petit cheval va mûrir dans les mois à venir et on peut espérer qu'il s'étoffe un peu. On le reverra mais il a déjà prouvé que CHIQUITA PISTOL pourrait devenir une poulinière prometteuse. On surveillera CHIQUITA CAT l'année prochaine au Futurity qu'on annonce encore plus prometteur que son frère.

Des stars à la relance

Absents de la finale, Matt Gaines et Lloyd Cox semblent un peu en panne de chevaux de têtes depuis quelque mois. Le Cutting est ainsi fait, tous les cavaliers doivent chercher de nouvelles stars pour leur piquet de chevaux chaque année. Les chevaux de Matt, THAT CATOMINE et SMART FROSTY CAT, semblaient très prometteurs mais ils ont se sont montrés trop verts pour un concours aussi dur que le Futurity. Il faudra voir s'ils progressent bien dans les mois à venir. Lloyd Cox misait lui sur DUAL REY TR. Mais le cheval n'a rien montré de très semblable avec son illustre frère TR DUAL REY. Lloyd reste fidèle aux DUAL REY mais son piquet de chevaux commence à sérieusement se réduire. Il a besoin de trouver un gros cheval pour retrouver sa place dans les grandes finales. Son talent lui permet de revenir confiant au Futurity qu'il mériterait de gagner un jour. C'est aussi une des forces du Cutting, les cavaliers se succèdent et chacun a sa chance un jour.

Les chevaux de vaches

Le parcours d'un cheval comme REYNSHINE doit faire réfléchir. Voilà un cheval assez commun en apparence qui est allé jusqu'en finale et qui a scoré 215 quasiment chaque fois qu'il est entré dans le troupeau sur des vaches souvent difficiles. Pas de physique monstrueux, pas de style à tomber par terre mais un vrai coeur de cheval de vaches. Le petit DUAL REY monté par Pat Earnheart n'a jamais rien lâché et n'est jamais allé à la faute. Son style n'est pas forcément très moderne mais les bases d'un vrai cheval de bétail sont là et c'est ce qui a permis à ce cheval de s'en sortir à chaque fois.

Parmi les chevaux des entraîneurs plus jeunes, on a vu beaucoup de chevaux commettre de grosses erreurs de placement. Le style, l'eye appeal est souvent là mais ça se fait parfois au détriment de la précision. Ces chevaux sont extraordinaires au centre quand ils attrapent une vache mais, dès que les choses se compliquent, ils semblent parfois perdus et commettent de grosses fautes. Certains semblent même très mécaniques. Ils stoppent, ils reculent et ils tournent avec leur nez mais sans pour autant prendre le temps de lire la vache. Cela finit toujours par se payer sur des vaches comme celles de cette année. Il manque parfois à ces chevaux un côté un peu cow smart. Ils ont l'eye appeal mais ils gagneraient peut être à travailler un peu plus comme de vrais chevaux de bétail.

Des chevaux à revoir très vite

BET ER NOT FLASH a raté la finale de l'Open sur une grosse erreur en demi finale mais ce petit cheval a montré un sacré charisme. On pourra compter sur Michael Cooper pour le faire briller cette année.

LITTLE BOW PEEPTO a marqué tout le monde par la qualité de son stop. Assise par terre dans chacun de ses runs, la fille de PEPTO pourrait faire parler la poudre bientôt.

QUICK BOON CAT n'était pas le premier choix de Gary Gonsalves. Mais cette jument a montré de jolies choses et je suis sûr que l'entraîneur californien va se donner la peine de la faire progresser.

RAGTIME CD CAT aura aussi brillé. Tim Smith dispose là d'un cheval qui devrait faire mal au Futurity PCCHA et en Californie en général.

Avec NURSE CONNIE et COUPE DUALVILLE, Paul Hansma tient deux bons chevaux qui pourront lui permettre de bien se classer en 2009. Il faudra les surveiller.

On peut enfin citer des chevaux comme MECOM BAY ROAN, CATSMERE, HANGEM CAT, DONT LOOK TWICE ou CLEVER RESOLVE qui ont réalisé de jolies choses