2010 : en route pour une 15ème saison
Séjour au ski, trotting sur la plage, ça sent de plus en plus la reprise de la saison de concours tout cela. A mesure que les calendriers arrivent, on ébauche une saison qui sera quand même la 15ème consécutive en ce qui me concerne. A raison de 7 ou 8 concours par saison et de 4 runs en moyenne par show, cela représente près de 500 runs et 1 200 minutes passées devant les vaches. Presque une journée entière en temps cumulé. C'est beaucoup et très peu à la fois ! Durant ces 15 saisons, le Cutting a énormément changé, cela en est même effrayant quand on prend le temps de regarder en arrière. Il semble bien loin aujourd'hui le temps des shows AQHA à Niort ou au Touquet avec un sol de reining, 30 vaches pour tout le week-end, un juge qui lit le rule-book 10 minutes avant la classe, seulement une classe Open et une classe Amateur et la victoire systématique et un peu énervante du cutter dont le cheval saute partout face à une vache immobile. Tout cela représente une époque presque oubliée mais pourtant pas si lointaine. Depuis, on est passé à des shows plus spécialisés, à tort ou à raison, avec des sols souvent plus adaptés, des quantités de vaches qui ont évoluées de façon exponentielle avec tous les problèmes logistiques que cela pose, des juges qui connaissent vraiment le Cutting, des entry fees qui garantissent des gains équitables et raisonnables aux meilleurs même si les engagements sont chers. On a vu arrivé progressivement et s'installer puis se diffuser des pratiques jusque là inconnues et incongrues mais qui garantissent une compétition de qualité comme les bunches de vaches, le paiement des gains par go, le jugement sur le run content avant tout et sur toute sa richesse. On oublie parfois tout ce chemin parcouru. Tout cela nous parait normal et on oublie surtout souvent pourquoi on a pu s'installer dans ce confort qu'il est aujourd'hui très désagréable de devoir quitter de temps en temps.
C'est l'arrivée des shows approuvés par la NCHA US et respectant un cahier des charges très strict élaboré par une association qui a déjà organisé des dizaines de milliers de shows de Cutting qui a permis cette évolution. On entend encore certains se demander parfois à quoi sert la NCHA ? A quoi sert d'approuver un show ? A chaque fois que j'entends cela j'ai envie de demander mais où étiez vous ces 15 dernières années ? Les cavaliers qui ont participé l'année dernière aux shows à Bons en Chablais ou à Lye par exemple ont du quand même mesurer tous les fruits de ces efforts et de cette exigence qui poussent à respecter et à appliquer à la lettre les règles dictées et établis par les meilleurs cutters au monde. Il n'y a pas de miracle, si on voit de supers classes sur ces shows là, c'est avant tout parce que les conditions y sont les meilleures possibles pour les cutters. En terme d'installations, de vaches, de juge, de sol, de show management, un show NCHA Approved c'est tout sauf un luxe. C'est le minimum vital. Chaque fois qu'on sort ou qu'on s'écarte de ce cahier des charges, c'est le début des ennuis que ce soit pour la qualité du sol, le niveau des installations, les vaches, le juge, l'organisation ou le paiement des gains par exemple.
Comme toutes les années paires, on attend en cette saison 2010 Americana avec impatience. Ce show est une institution en Europe, le seul qui peut s'enorgueillir d'attirer les meilleurs cavaliers et chevaux européens dans toutes les disciplines majeures. Peut être le seul qui s'approche de ce que peut être un show aux USA. Il suffit de voir comment ce show a progressé depuis qu'il est approuvé par la NCHA sur le Cutting pour mesurer aussi le chemin parcouru et l'absolu nécessité de passer par des shows approved. Là aussi, il est loin le temps où on ne savait pas qui jugeait, comment étaient organisés les tirages au sort et les lots de bétail, comment les gains étaient payés... Tout n'est pas encore parfait, loin de là. Mais ce sont déjà de sacrés pas en avant et une belle garantie avant de mettre les chevaux dans le trailer pour 1000 km. L'approval form n'est pas une garantie tous risques mais c'est quand un sésame sans lequel il est difficile d'envisager se rendre en concours selon moi.
De ce point de vue là, la saison à venir ne remplit pas toutes ses promesses. Il faut attendre fin Avril, et le traditionnel Cabernet Cutting Show à Lye, pour lancer la saison. Nos amis hollandais organisent bien quelques manches de leur "LL Triple Horn Cutting Tour", début mars et début Avril mais sans que ces shows soient approuvés. On peut leur faire confiance c'est certain et il n'y a vraiment pas lieu de mettre en doute leur compétence. Mais, par exemple, on est obligé de se demander qui va juger ces shows ? Le système des juges européens ayant jusque là à la fois montré son potentiel mais aussi parfois ses très grandes limites, il est quand un peu problématique de faire 10 heures de voiture pour un show d'une journée si c'est finalement pour être jugé par quelqu'un qui n'a peut être ni le niveau, ni l'expérience nécessaires pour juger un show de Cutting. Si on s'en tient aux shows français, même si le rendez-vous Allemand de Marl chez Doering QH début mai reste en principe une valeur sûre, il faut attende fin Juin pour avoir un second show approved. Deux concours à la mi saison, c'est un peu maigre et pour tout dire c'est un peu la soupe à la grimace quand on sait tout le travail qu'exige la préparation d'un cheval pour une saison de Cutting. En tant que concurrent, la disparition du concours de printemps chez Charmot QH est un vrai coup dur et un grand regret tant la qualité de ce show faisait référence lors des saisons précédentes.
Alors que les hollandais et les italiens, pour des raisons qui leur sont propres et qui peuvent s'expliquer concernant nos amis transalpins dont la qualité des shows restent quand même un must, n'organisent pas ou peu de show approuvés, que les allemands s'y mettent progressivement mais encore parfois timidement, il est regrettable que nous fassions presque machine arrière. Même si je reste persuadé que de bonnes volontés vont s'y mettre et payer de leur temps et de leurs efforts avec nous cette année, 4 shows approuvés en France à l'heure actuelle c'est trop peu et c'est très décevant. Cela oblige à construire une saison bancale, remplie pour le moment de trou et avec finalement peu d'options même s'il est légitime que Americana focalise l'attention de nombreux cutters cette année. Pour les shows qui font le choix de ne pas demander d'approval form c'est un calcul difficilement compréhensible et contre productif dans la mesure où cela éloignera forcément nombre de cutters. Pourquoi se rendre sur un show qui refuse de garantir ce qui relève vraiment du minimum vital ? C'est la garantie pour un concurrent d'être assurément déçu ou frustré sur au moins un élément qui est indispensable et incontournable à la pratique d'un Cutting de qualité. A partir de là, pourquoi faire des kilomètres et risquer d'être déçu ?
C'est une question qui se posera quand même toujours chez nous. Pourquoi vouloir amender, adapter, corriger ou modifier ce qui a fait ses preuves et ce qui marche sur les 2 500 week-ends organisés chaque année sous l'égide de la NCHA ? Quelle spécificité réclame d'adapter des règles qui constituent les fondations mêmes d'un Cutting moderne de qualité. Quelle prétention justifie de penser qu'on peut et qu'on doit faire mieux que ce qui marche déjà très bien partout ailleurs tous les week-ends ? C'est un état d'esprit étrange, incompréhensible et qui en plus est vraiment contredit par le passé et l'expérience. Encore une fois, si le Cutting a tant changé chez nous ces dernières années c'est parce qu'à un moment donné, on a choisi, avec tous les sacrifices que cela implique c'est évident, de faire notre une qualité, une exigence et un savoir faire qui ont été testé et approuvé sur des milliers de shows par des milliers de cutters depuis des années. Les modalités du futur Championnat de France de Cutting en sont un parfait exemple. A ne pas respecter les règles et l'esprit du Cutting défendu par la NCHA, on tombera inévitablement sur des écueils. Pourquoi rendre des couples cavalier/cheval indissociables quand la NCHA s'attache à bien titrer un cheval en Open et un Cavalier en Non Pro. En s'écartant du chemin tracé, c'est toute la logique et tout l'esprit qui animent la structure des classes qui sont remis en cause. Pour quel motifs et pour quels bénéfices ? On peut se poser la question. Pareil pour le système du classement points, là où seuls les gains ont toujours prouvé être les seuls aptes à établir un classement équitable, fiable et incontestable.
C'est comme en ski. A toujours vouloir passer là où il n'y a aucune trace, on finit toujours par tomber sur un rocher, un trou ou un sapin. Et à ce moment là, c'est toujours pareil : plus dure en est la chute, plus cruelle en est la désillusion et plus mordante en est la frustration. Brème, Samoëns, finalement c'est exactement la même histoire. Restons dans les traces même s'il nous en coûte. A côté, la neige est bien belle mais les surprises sont parfois au rendez vous et elles ne sont pas toujours bonnes.