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10 mai 2010

Clinic avec Scott Ferguson


Un showmanship offensif

Après un clinic très réussi en 2009, l'entraîneur Texan Scott Ferguson est revenu cette année pour donner un nouveau clinic dans le cadre du dernier Cabernet Cutting Show d'Avril. Obligé de juger cette année en remplacement de Mr Allan Springer coincé au Texas par le volcan islandais, Scott a pu tout au long du week-end de show évaluer et analyser la façon de shower de chaque cavalier. Le dimanche soir, il a donc proposé à tous les cavaliers présents un debriefing vidéo où il a pu aborder tous les aspects du showmanship. Showman de grand talent, Scott a traîné ses guêtres sur tous les plus gros shows depuis des dizaines d'années. Ses conseils, son oeil et ses critiques ont donc fait mouche sur chaque run qu'il a pu disséquer en vidéo seconde par seconde. De la stratégie, aux tris en passant par la construction des runs, le rôles de chacun des aides ou la gestion du temps, Scott a expliqué comment un cavalier peut gagner ou perdre du crédit. En décomposant toutes les dimensions du run content, il a voulu faire passer un message très important à ses yeux : pour gagner il faut se montrer offensif.


Le Cutting ce n'est pas bloquer la vache et attendre que les 2 minutes 30 se passent. Il faut montrer au juge qu'on est là pour gagner, qu'on va contrôler cette vache et contraindre le juge à nous placer devant. Avec un système qui incite les juges à étaler leurs scores, il faut savoir quel objectif viser en entrant dans l'arène et analyser son run sans cesse pour savoir où on en est. Le juge récompensera ensuite le cavalier qui saura montrer qu'il veut gagner et qui présentera son cheval aux mieux de ses qualités. Pour cela, il faut avant tout rester toujours offensif. Jamais brutal mais plutôt agressif dans le sens positif du terme pour éviter de subir les événements. Que ce soit dans les tris, la gestion du chrono, le choix des vaches, il faut montrer au juge qu'on est là pour aller chercher les points. Peu importe la qualité du cheval, le tirage au sort où les performances réalisées par les autres, garder un esprit offensif c'est l'assurance de semer le doute dans l'esprit du juge et de lui donner envie de récompenser nos efforts. Après son run, Scott insiste aussi sur la nécessité de toujours l'analyser, le débriefer et de garder un esprit positif. Plutôt que de blâmer les vaches, le sol, son cheval, le juge ou les autres, toujours se demander ce qu'on peut améliorer. C'est en partant du positif en en passant sur le négatif qu'on progresse.

Responsabiliser son cheval au maximum

Durant le clinic, Scott a repris en détail les 4 étapes qui composent la base de son programme : stop, draw, turn et travel. Il a de nouveau bien expliqué comment cet enchaînement, qui constitue la base du cutting, doit se faire dans l'ordre et en décomposant bien chaque étape. Ne jamais en mélanger deux comme le stop et le turn par exemple et ne pas laisser le cheval poursuivre l'enchaînement s'il tente de voler ou de tricher sur une étape. Il est aussi important de ne pas exagérer chaque étape. La clef en fait c'est de savoir enchaîner ces étapes le plus correctement et le plus facilement possible. Plus c'est fluide et plus ce sera facile pour le cheval. Comme toujours en équitation, l'économie des aides du cavalier est à rechercher. Moins on doit intervenir et plus le cheval assimile rapidement. Il est donc important, en fonction de son niveau d'équitation, de travailler sur la précision et la finesse de ses aides. Scott le rappelle toujours, les chevaux apprennent par la pression et le relâchement. Il faut donc utiliser ce principe et étant le plus constant et le plus cohérent possible pour imprimer ces bases chez le cheval. Chaque cheval a une histoire, des qualités, des défauts qui font qu'il faudra s'adapter à lui. Le programme de Scott n'est pas une loi universelle, une méthode unique. Il donne des bases qu'il faut être capable d'inculquer au cheval en respectant ses points forts et surtout le programme dans lequel il a été travaillé jusque là.


Cette année, Scott a mis l'accent sur la responsabilisation du cheval. Qu'on monte un poulain ou un cheval plus solide, il est capital de responsabiliser son cheval. Beaucoup de cavaliers veulent en faire trop, prennent le pas sur le cheval et l'empêchent de faire son travail correctement. Le stop par exemple relève exclusivement du cheval. Chaque fois qu'un cavalier stoppe son cheval, il le déconnecte de la vache et l'incite à se reposer sur lui. Les chevaux anticipent ensuite ces interventions et développe des défenses pour s'en protéger. De même, le demi tour doit venir du cheval. Plus on y précipite le cheval et plus on va le pousser à commettre des erreurs. Avec le temps le cheval va prendre l'habitude de fuir ses responsabilités et va attendre l'intervention du cavalier ou anticiper et se protéger des mauvaises corrections. Le rôle du cavalier en fait doit se concentrer avant tout sur le draw. Il doit placer son cheval, le mettre en bonne position par rapport à la vache et le préparer à tourner. Cela implique de maintenir le cheval en bonne position par rapport à la vache, c'est à dire avec la tête de la vache au niveau du genou du cavalier. Cela implique aussi de préparer le corps du cheval à tourner : il doit être rassemblé, en appui sur ses postérieurs, la hanche extérieure sous lui, l'épaule intérieure levée, la cage thoracique rentrée et le nez prêt à lancer le mouvement. Une fois qu'on a obtenu cette position et ce placement, il faut laisser le cheval lire la vache et c'est là que souvent le cavalier se trompe. En intervenant trop tôt, trop vite ou trop fort, le cavalier empêche bien souvent son cheval de lire la vache. Après le stop, le cavalier doit juste veiller à installer son draw mais c'est après au cheval de lire la vache et de venir naturellement dans son demi tour. Si on ne respecte pas cela, on perd toute synchronisation avec le veau et on passe immanquablement à côté de l'objectif numéro 1 du Cutting : contrôler la vache.

Ne pas confondre entraînement et show

Beaucoup de cavaliers travaillent au practice ou à l'entraînement comme s'ils étaient au show. Pour Scott c'est une aberration. A la maison ou dans les practices, il ne travaille quasiment jamais en configuration de show avec un troupeau, une ligne unique, des turn-backs... Surtout sur des vaches usées qui ne feront que mettre le cheval en difficulté. L'objectif principal selon Scott quand on entraîne un cheval c'est bien sûr d'installer les bases, de développer les points forts et de corriger les points faibles. Mais c'est surtout et avant tout d'instaurer de la confiance. La confiance du cheval, celle du cavalier mais aussi celle du cavalier dans le cheval et du cheval dans le cavalier. On ne peut y arriver qu'en sortant d'une logique de show. Il faut sortir des spots idéaux, des schémas simples pour confronter le cheval à ses difficultés, lui apprendre à maximiser ses qualités. Il faut le laisser commettre des erreurs, se mettre à la faute pour lui apprendre à se corriger. Il faut donc travailler de façon très différente du show pour parfois le mettre en position délicate ou au contraire parfois lui venir suffisamment en aide pour ne pas lui faire perdre sa confiance en lui.


Plus on va travailler comme cela et plus on va acquérir de confiance dans le cheval. il sera alors facile de monter de façon offensive en show car on sait que le cheval sait se sortir de façon correcte des situations difficiles. Le cheval de son côté accepte l'aide du cavalier, sans pour autant l'attendre ou se reposer sur elle. Il sait que le cavalier intervient pour l'aider et réagit correctement dès que cette aide intervient. L'état d'esprit du cavalier est donc déterminant. Il ne sert à rien de se montrer brutal mais il faut savoir être intransigeant pour ne jamais laisser le cheval voler ou tricher sur certains déplacements. Toujours exiger une attitude correcte est un travail très difficile qui demande beaucoup de sens équestre et beaucoup d'intelligence. Cela exige en plus un timing terrible dans une discipline aussi fine, précise et rapide que le Cutting. Ici, le pro cutter est un outil extraordinaire qui permet de prendre son temps et ne pas subir. Mais la logique est la même sur les vaches. Il faut sortir d'un schéma de show et travailler le cheval. Une fois en concours on pourra alors montrer le cheval.

Le rôle des herd holders et des turn-backs

Après un week-end de show, c'est là que Scott a perçu la plus grande marge de progression chez nous. Selon lui, beaucoup de cavaliers ne savent pas vraiment aider. Ils hésitent, perturbent le déroulé des runs, mettent les chevaux en difficulté tout simplement car ils ne savent pas quoi faire et ne comprennent pas bien leurs rôles. Combien de runs voit-on où le cheval commet une erreur car ses aides l'ont laissé se mettre dans une situation difficile ? Exemple type : les turn-backs se tiennent trop loin du veau et le laisse s'arrêter plusieurs secondes face au cheval. Ils doivent alors parcourir plusieurs mètres pour le faire redémarrer. C'est une situation explosive pour le cheval car il lui est quasi impossible de lire où le veau va partir. Comme les turn-backs sont trop loin, ils vont arriver trop vite, effrayer le veau qui se précipitera d'un côté ou de l'autre. Pour le cheval c'est une situation à très hauts risques qui conduira certainement à une pénalité à 1, 3 ou même 5 points. Combien de turn-backs voit-on scotcher en permanence contre le mur ? Ils stoppent la vache en lieu et place du cheval. Celui-ci ne peut plus lire le veau, ne parvient pas à rester synchronisé avec lui et finit par rater un stop pour se prendre un out of position ou un miss.


Si on veut faire simple on résume ainsi : les herd-holders gardent le troupeau, les turn-backs renvoient la vache. Dans le Cutting moderne, ces rôles ont évolué et les aides ont aujourd'hui une importance capitale. Le principal job des turn-backs est de garder le contact entre le veau et le cheval. Plus ce contact est maintenu de façon constante et moins le cheval est exposé. Chaque fois que ce contact est rompu, par exemple quand le turn-back laisse le veau s'arrêter plusieurs secondes contre la barrière, le cheval se retrouve en grande difficulté car il ne lui est plus possible de lire correctement ce veau. Le rôle des turn-backs n'est absolument pas de stopper la vache de chaque côté, ni de la renvoyer le plus vite possible. Plus le veau regarde le cheval, plus il tourne vers lui et plus c'est facile pour le cheval de lire ses déplacements. Si le challenge devient trop intense, les turn-backs pourront toujours reculer mais en se tenant trop loin ou en restant scotchés aux barrières, ils ne font que mettre le cheval en difficulté. Il ne faut parfois pas chercher plus loin les raisons des erreurs des chevaux. Si les turn-backs gardent un bon contact entre le cheval et le veau alors le cavalier peut facilement mettre en place son pattern et il prend bien moins de risques. Les herd-holders interviennent eux surtout dans le tri. Leur job c'est d'aider le cutter à créer un mouvement. Ils l'aident à faire démarrer les vaches mais ensuite ils doivent libérer le chemin.

Trier c'est créer une shape

Le tri est notre deuxième très gros point faible. Trop de cavaliers se contentent de faire sortir quelques vaches et ensuite laissent le chaos s'installer avant de compter sur la chance pour isoler la bonne vache. Il n'y a aucun contrôle, aucune stratégie et aucun esprit offensif. Tout est subi et c'est pour cela que parfois cela se termine mal ou de façon brouillonne. Le problème c'est que le cutter ne crée pas le mouvement et ne le maîtrise pas ensuite avec ses aides. Il se contente de subir et trie en défendant. Il faut au contraire trier en attaquant. Il faut faire démarrer des vaches avec l'aide de ses herd-holders, laisser ce flot démarrer et ensuite le contrôler afin de rencontrer la vache sélectionnée au bon endroit pour l'isoler. C'est une toute autre démarche qui impose de mettre en place une stratégie avec ses aides pour amorcer un mouvement, l'entretenir et le maîtriser. Dans bien des tris, il n'y a aucun roll et les vaches reviennent vers le cutter de façon chaotique. Là encore, le rôle des aides est capital. C'est à eux de gérer le flot et de le garder le plus propre et le plus constant possible. S'ils y parviennent alors tout est facile pour le cutter. S'ils se ratent alors les ennuis commencent et les pénalités tombent invariablement.


Attention quand même, c'est le cutter qui est la manoeuvre. C'est à lui de garder sa vache sous pression, de la conduire au centre de l'arène loin d'y troupeau pour l'y isoler. Les aides ne sont là que pour lui faciliter le travail. Ils ne doivent pas se focaliser sur le cutter mais au contraire regarder avec plus de recul pour anticiper les éléments perturbateurs et les étouffer dans l'oeuf. On ne laisse pas les vaches revenir, on ne laisse pas des vaches passer dans son dos, on ne laisse pas les vaches s'arrêter ou refluer, on ne se laisse pas déborder par la vache de tête... Cela demande bien sûr une bonne communication entre tous les membres de l'équipe. Les aides doivent savoir quelle vache le cutter essaye d'isoler . Le tri c'est vraiment un partition dont le cutter doit être le chef d'orchestre. Il ne doit jamais subir le tempo mais au contraire le dicter. Ca ne veut pas dire qu'il faut se jeter à l'abordage sans réfléchir. Comme en en musique, les pauses ont leur importance. Il n'y a aucune pénalité pour le cavalier qui s'arrête, regarde, prend son temps. Il faut veiller à faire démarrer un flot qui contient les vaches désirées. Prendre le temps d'analyser où il se dirige. Avec ses aides, on garde ensuite la vache désirée sous pression sans se déclarer. On tente de la placer là où elle sera facile à isoler. Et quand elle arrive au bon endroit et qu'une opportunité se présente, on passe en mode offensif et on se déclare en faisant quelques pas vers elle pour l'isoler proprement bien au centre, loin du troupeau et du trafic. Voilà la recette pour prendre des points sur les tris. Scott en a fait des démonstrations très éloquentes lors du clinic. Après on pose sa main et boom ca démarre en trombe. Le juge est déjà dans votre poche. Il ne vous reste qu'à l'y garder bien au chaud jusqu'à la fin des 2 minutes 30.

16 août 2009

Parcours sans faute


Ces 12 fautes qui ruinent vos runs

Quand on pratique le Cutting, il n'y a rien de mieux que de monter son cheval dans le troupeau, réaliser un bon tri, baisser sa main et sentir le cheval réagir au moindre mouvement du veau pour le contrôler. Il n'y a rien de tel que de faire corps avec son cheval pour dérouler un run victorieux. Mais ce n'est souvent pas aussi facile pour un cutter novice ou un amateur. La route vers la victoire est souvent constituée d'une longue série de runs ratés. Il est donc intéressant d'essayer de lister ces erreurs classiques sur lesquelles les débutants échouent la plupart du temps.


Acheter le bon cheval au juste prix

Un débutant a besoin d'un cheval qui connaisse suffisamment son boulot pour l'emmener dans son run si le cavalier est en place mais qui accepte aussi ses erreurs. Un cheval qui n'est pas assez solide pour rester accroché à la vache si le cavalier commet des erreurs détruira la confiance d'un cavalier débutant. Dans la même idée, un cheval d'Open sera peut être trop physique et trop dur à monter pour le niveau d'équitation d'un débutant. "Vous devez rester dans votre budget, le prix importe peu. Ce qui compte c'est d'acheter un cheval qui convienne à votre niveau et qui vous permette de progresser. Quand vous avez isolé un vache et posé votre main il doit savoir quand aller à droite ou à gauche pour stopper la vache" indique l'entraîneur Robert Rust. Si le cheval n'est pas assez expérimenté et ne suit pas bien la vache, vous ne pourrez pas apprendre votre job car le cheval ne fait déjà pas le sien. D'un autre côté, un cheval d'Open pourra peut être apprendre à ralentir et attendre que vous progressiez, mais le cheval ne restera pas à son niveau très longtemps si vous n'apprenez pas vite comment le monter.


Selon Robert Rust, il faut déjà apprendre à monter avant de penser à acheter un cheval. Certains chevaux sont plus brutaux que d'autre. Pour un débutant, on peut recommander d'acheter un cheval qui se déplace de la façon la plus fluide possible : "Un cavalier expérimenté pourra s'adapter à n'importe quel type de cheval. Mais un novice devra plutôt se diriger vers un cheval qui accepte que son cavalier ne sache pas toujours exactement ce qu'il faut faire et qui risque donc de commettre des erreurs". Après avoir appris à monter votre premier cheval, vous pourrez mettre à profit ces connaissances et cette confiance en achetant une nouvelle monture et en continuant à progresser avec elle. Soyez également attentifs au prix. Une commission normale tourne aux alentours de 10 % aux Etats-Unis. Si plusieurs entraîneurs sont impliqués dans la vente, ils doivent se partager ces 10 % et non pas multiplier les commissions. N'hésitez pas à solliciter des avis extérieurs. Par la magie d'Internet, on peut amasser facilement beaucoup d'informations sur un cheval. Ses gains, son histoire, le fait qu'il soit ou non déjà passé dans des ventes seront des indices intéressants pour évaluer son prix.

Ralentir et avancer pas à pas

Pour un débutant, le plus dur c'est de rester dans le siège de sa selle et de rester dans la bonne position quand le cheval stoppe et tourne. C'est difficile de rester bien concentré quand on est secoué et qu'on tente désespérément de rester sur la selle. Mike Mowery recommande de travailler dans un premier temps avec une vache électrique ou un drapeau car il est plus facile de contrôler ce qui se passe, de sentir le cheval et d'acquérir le bon timing : "Sur un drapeau, l'entraîneur ou le cavalier peut arrêter et expliquer à tout moment ce qui ne va pas. Il pourra corriger une erreur à la fois et ne travailler que cela. Sur les vaches tout va trop vite pour qu'un débutant puisse assimiler quoi que ce soit. A peine ont ils fait une erreur qu'ils sont déjà sur le point d'en faire une deuxième, il est impossible de corriger quoi que ce soit".


Travailler sur le veau mécanique permet d'acquérir le bon timing et d'apprendre à décomposer chaque séquence. Cela permet d'éviter dès le départ une erreur typique des débutants qui vont vouloir se précipiter et ne prendront pas le temps de réaliser un mouvement à la fois. En ralentissant le rythme suffisamment, on peut donner le temps au cavalier de faire les choses correctement. Plus le niveau d'équitation est faible, plus le timing est difficile à apprendre car chaque action prend plus de temps. Le tout c'est d'être cohérent avec ce qu'on est capable de ressentir à cheval. Il faut donc aller à son rythme car si on cherche à aller plus vite que son ressenti sur le cheval c'est comme de chercher à avancer dans le noir. Aller lentement permet de faire les choses correctement et de bien décomposer chaque mouvement.

Ne pas s'agripper à la selle

Quand la plupart des débutants commencent à monter sur un cheval de Cutting, ils ont le réflexe de s'agripper à la corne de la selle. Ils la tiennent très fermement avec le poignet complètement bloqué selon Mike Mowery. C'est pourtant une des pires choses qu'on puisse faire sur le dos d'un cheval, car cela empêche totalement d'accompagner les mouvements de celui-ci. Plus on s'agrippe à la selle et plus on subit les mouvements car on manque totalement de souplesse.


Il faut au contraire se décontracter et se contenter de pousser sur la corne avec la paume de la main. Cette décontraction permettra d'encaisser beaucoup plus facilement les mouvements et de rester bien mieux en rythme avec le cheval : "La plupart du temps, quand on utilise la corne, on doit pousser dessus. Mais de temps en temps, il faut aussi savoir tirer un peu sur cette corne. Si votre cheval vous jette en arrière dans un demi tour, il vous faudra tirer un peu sur la corne pour revenir en position. C'est très rare. Dans la majorité des cas, il vous suffit de pousser sur la corne et de vous asseoir bien au fond de la selle pour trouver votre équilibre et accompagner le cheval. Pensez aussi à bien garder vos jambes sous votre corps au contact du cheval. Ne les cramponnez pas dans le cheval à chaque stop mais ne les jetez pas non plus en avant comme les reiners. Bougez les le moins possible et gardez les bien décontractées comme le haut du corps.

Ne pas serrer les jambes dans les stops

Serrer les jambes dans les stops n'aura pour seul effet que de pousser le cheval à accélérer encore plus. Selon Robert Rust, si vous sentez que le cheval va stopper, il faut juste relâcher vos jambes. Gardez les talons bien en bas et décontractez toute votre jambe. Ne serrez pas les mollets ou les genoux pour éviter de gripper sur la selle. Gardez au contraire vos deux jambes loin du cheval. Attention aussi à garder la jambe fixe. Ne l'avancez pas et ne la reculez pas car cela risque d'affecter votre équilibre. Plus la jambe reste bien fixe dans l'axe du corps et moins elle perturbe le centre de gravité du cavalier.


Sentir le cheval avant d'utiliser des éperons

Ce conseil vaut aussi bien pour les cavaliers débutants que pour les cavaliers plus confirmés. Tant que vous pouvez pousser votre cheval dans la longueur sans les éperons, laissez les à la maison. Cela vous évitera d'être trop agressifs dès le départ et de prendre des mauvaises habitudes. Si le cheval traverse l'arène et que le cavalier prend l'habitude de l'éperonner très fort, il risque de rester les éperons plantés dans le cheval au moment du stop. Très vite, soit le cheval roulera dans son roll back ou il quittera.


C'est ensuite très difficile de rétablir la confiance du cheval selon Robert Rust : "Le cheval pense : mec je me suis dépêché de courir là bas l'autre fois, j'ai stoppé et le type sur mon dos a essayé de m'enfoncer la cage thoracique !". Même si vous devez vous agiter sur la selle pour donner des jambes, c'est moins effrayant pour le cheval et les coups de talons seront moins sévères pour le cheval qui a moins de chance de prendre peur.

Commencer chaque run avec un bon tri

Le premier tri est le plus important selon Mike Wood. "Commencez avec un super tri qui vous rapporte des points dès le départ pour présenter quelque chose de joli aux juges. Que vous cherchiez à isoler une vache en particulier ou que vous vous contentiez d'une shape cut, le meilleur moyen de commencer votre run c'est de trier proprement et vers l'avant au centre de l'arène" conseille l'entraîneur originaire de l'Arizona. Un amateur doit garder cela en tête en se rappelant qu'il doit toujours continuer à avancer, se sortir du troupeau et se ménager plein de place pour réaliser son tri.


C'est capital de commencer dans la bonne position. Assurez vous toujours que votre cheval est bien au milieu de la vache, et qu'il lui fait face quand vous posez la main. De cette façon, vous serez plus à même de rester dans la bonne position par rapport à la vache, de rester bien avec elle. Si vous commencez dans la mauvaise position, vous devrez ensuite batailler pour revenir au milieu de la vache et la contrôler.

Résister à la tentation de trier la première vache

Il ne faut jamais perdre de vue qu'un oeil est entraîné à suivre le mouvement explique Mike Wood. Quand un amateur se retrouve devant deux ou trois vaches, il choisit souvent la première qui bouge et abandonne celles qui restent devant lui sans bouger. Il doit s'entraîner au contraire à être patient et à attendre. Ne cherchez pas le mouvement car c'est de là que découleront tous vos problèmes dans les tris. Cherchez au contraire les vaches qui veulent rester immobiles devant vous. Evitez comme la peste celles qui s'enfuient.


Pour autant, n'attendez pas que la vache s'isole toute seule. Avancez vers les vaches et isolez celle qui est le plus haut au centre de l'arène. Parfois, les amateurs se retrouvent englués dans le troupeau car ils ont peur que les vaches les prennent de vitesse. Cela arrive quand vous n'avancez pas vers les vaches. Si vous isolez une vache proprement en avant et au centre, vous avez fait 90 % de votre job. Ensuite, si ce n'est pas une bonne vache, accrochez vous et tenez la. A la première occasion vous pourrez quitter et aller en chercher une autre. Retenez bien cette vieille devise : "Une mauvaise vache bien triée est toujours meilleure qu'une bonne mal triée".

Se contenter d'être le miroir du veau

Une fois la vache isolée, l'objectif est simple : être son miroir et l'empêcher de retourner au troupeau. Ne forcez pas votre cheval à tourner trop tôt dans les tris. Cela arrive quand on éperonne trop tôt ou que l'on se penche. Attention aussi à ne pas tourner trop tard et à ne pas poursuivre les vaches. Une règle de base : ne vous penchez jamais, cela pénalise le cheval et cela le ralentit.


Vous verrez souvent des cavaliers faire l'erreur de se pencher d'un côté ou de l'autre avant que le cheval commence à tourner pour l'inciter à aller plus vite. Adaptez vous toujours au rythme du cheval et ne cherchez jamais à l'inciter à tourner avant la vache ou à précipiter son demi tour. S'il est en retard, restez au fond de la selle et dès le demi tour terminé donnez des jambes. Une autre erreur commune est de ne pas aller assez loin pour stopper la vache. Voyagez dans la longueur aussi loin que la vache. Ne la dépassez pas mais ne restez pas derrière ou alors vous collectionnerez les pénalités et ne prendrez jamais le contrôle des opérations. Aller avec elle et stopper la en restant au maximum bien à sa hauteur, ni devant ni derrière.

Ne pas chercher à choisir ses vaches trop tôt

Un débutant doit d'abord apprendre à exécuter un tri simple qui s'appuie sur le déplacement et la configuration naturelle des vaches : la "shape cut". En gros, cela consiste à isoler simplement la dernière vache qui reste devant vous quand les autres sont retournées dans le troupeau. C'est le tri le plus simple et le plus facile à réaliser. Selon Scott Weis, de nombreux novices oublient trop vite les bases du tri et essayent trop tôt d'isoler une vache déterminée. Les bons amateurs comprennent très vite comment gagner en réalisant des tris simples sur la dernière vache mais certains veulent trop vite passer à l'étape suivant et isoler une certaine vache.


C'est souvent là que les ennuis commencent car choisir une vache les plonge la plupart du temps dans de gros problèmes que leur niveau du moment ne leur permet pas de résoudre. Scott Weis conseille de suivre une règle de base : chez les amateurs, les juges recherchent des runs les plus propres possibles. "Quand les amateurs commencent à vouloir sélectionner leurs vaches, ils peuvent distinguer une vache fraîche d'une vache usée mais pour autant différencier la meilleure vache de la pire" explique Scott. Choisir les vaches demande énormément d'expérience. A haut niveau, les cavaliers peuvent se permettre de mourir avec leurs choix. C'est le job des cavaliers professionnels. Mais quand un amateur traverse 10 fois l'arène pour trier la vache qu'il a choisi, il ne pourra pas scorer. Pour la bonne et simple raison qu'il aura passé plus de temps à sélectionner ses vaches plutôt que de montrer son cheval au juge.

Se préparer correctement

La préparation du cheval avant d'aller shower contribue certainement à plus de 50 % au résultat final selon Scott Weis. Cela inclue par exemple ne pas arriver sur le show en retard ou dans la précipitation. Vous n'aurez alors pas le temps d'échauffer correctement votre cheval qui sera trop frais pour arriver à quoi que ce soit : "Je vois une foule de novices qui ne savent pas du tout comment échauffer et préparer un cheval. Ils doivent comprendre que monter des chevaux de Cutting c'est comme préparer une voiture pour une grande course".


Cela exige le travail de toute une équipe pour arriver au départ de la course. Un amateur doit donc s'entourer de gens compétents qui le conseilleront et lui donneront un coup de main pour que son cheval arrive fin prêt au moment d'entrer dans l'arène. Ce n'est pas inné et cela s'apprend mais un cheval bien échauffé et bien préparé aura bien plus de chance de réaliser un bon run.

Ne vous jetez pas sur les jeunes chevaux trop vite

Commencez par faire vos armes sur des guerriers en week end shows avant de penser à passer sur de jeunes chevaux. "Je pense vraiment que les débutants devraient apprendre sur des chevaux solides en week end shows avant de penser à monter des jeunes chevaux. Ils doivent faire leurs classes, approcher par exemple les $ 50 000 de gains avant d'être peut être capable de monter un cheval plus jeune et moins expérimenté" explique Scott Weis. Les week end shows permettent d'acquérir de l'expérience, ce qui est processus très long. Un jeune cheval n'est pas forcément capable de pardonner autant qu'un cheval plus expérimenté.


Ne pas confondre des mois d'entraînement et quelques semaines

Selon Allen Crouch, c'est la pire erreur qu'on puisse faire avec un cheval : vouloir aller trop vite. Chaque cheval apprend à son rythme et selon ses capacités. Vouloir aller plus vite que la musique aura pour unique conséquence de détruire en quelques jours tout ce que vous avez fait jusque là. S'il faut 2 mois pour qu'il progresse n'essayez jamais d'y arriver en 3 semaines. Rien ne déstabilise plus un cheval que les changements de rythme ou de méthode. Ils apprennent par la répétition donc pensez toujours à prendre le temps de consolider les acquis avant de passer à autre chose. Si vous voulez changer quelque chose, prenez le temps de le faire pour ne pas établir de confusion chez le cheval.


Il n'y a rien de pire qu'un cheval qui ne comprend plus ce que vous attendez de lui donc soyez toujours très clair sur ce que vous souhaitez. Cela demande de penser son entraînement et son travail à long terme et non au jour le jour. Plus le travail est régulier et cohérent et plus il est efficace. N'en demandez pas trop. Chaque cheval possède ses limites physiques et mentales qu'il est dangereux de franchir car on risque de se heurter ensuite à des blocages. Dès qu'un cheval est perdu ou fatigué, il commencera à développer des mauvaises habitudes ou à essayer de tricher. Plus votre travail est cohérent et planifié et plus vous lui donnerez une chance de comprendre ce qu'on attend de lui.

30 juil. 2009

Cutting seconde langue


Attention aux incompréhensions : Quit, kick, seat

Comme tous les sports, le Cutting possède son propre jargon. Sport originaire du Texas, le Cutting a quand même la particularité de posséder un langage bien sûr anglo-saxon mais qui en plus doit s'accommoder parfois de l'accent si particulier de nos amis texans. Pour le cutter expérimenté ou celui qui est né sur un cheval de Cutting, cela devient vite une seconde langue maternelle. Mais pour le cutter débutant ou celui qui ne maîtrise pas la langue de Shakespeare, cela peut vite devenir un véritable charabia. Alors que les conseils et les informations fusent de toutes parts et en toutes les langues durant 2 minutes 30, on peut vite perdre le nord. Différenciez un "seat" d'un "kick" ou d'un "quit" prononcé par un de vos aides alors que vous êtes lancé à plein galop pour tenter d'arrêter une vache furibarde demande une ouïe remarquable et un certain sang-froid. Pourtant, le Cutting est un sport où la communication avec ses aides reste essentielle. Même hors compétition, comment espérer apprendre quelque chose dans un clinic si on ne maîtrise pas le jargon si particulier des cutters.


Autre grande difficulté en France c'est aussi la barrière de la langue. Nombre d'expressions ou de termes ne sont pas faciles à traduire en français. C'est pourquoi vous entendrez souvent des cutters bien français parler de "shape cut" ou de "hot quit". Certains poussent même le vice à utiliser des termes anglais qui existent pourtant en français, voir même à inventer leur propre langue à base de franglais ou de termes qu'ils sont les seuls à utiliser et qu'aucun américain ne pourrait comprendre. Il en résulte des dialogues parfois lunaires à base d'anglais, de français, de franglais et de multiples onomatopées qu'un non initié n'a aucune chance de comprendre. Parfois, on tombe tellement dans le jargon que seules deux ou trois personnes au monde doivent pouvoir comprendre ! Pourtant, que ce soit en anglais ou en français les informations capitales ne sont pas si nombreuses. Avec une dizaine de commandes et d'expressions clefs, même un cutter novice peut maîtriser parfaitement et rapidement la langue Cutting. Cela commence bien sûr comme le rappelle l'entraîneur Jon White par lire le règlement : "J'encourage tous les clients à lire le rule-book. Cela les aide à mieux comprendre certains termes que j'emploie. Et puis, si on veut jouer à un jeu, on doit en comprendre toutes les règles".

Go deep, cut deep, make it deep

Trie profondément, rentre bien dans le troupeau, pense à ta deep-cut : Dans un troupeau de taille conséquente, vous devez rentrer dans le troupeau profondément au moins une fois, on parle alors de tri profond ou de deep cut. "Rentrez bien dans le troupeau, traversez le pour aller chercher la vache que vous voulez" conseille Jon White.

Skim one off the top, peel one off, chip one

Sors une seule vache, fais sauter une vache, trie une vache au bord : Quand le temps presse, il peut être intéressant de conseiller au cutter de ne trier qu'une seule vache pour gagner du temps et finir sur une vache avant la fin des 2 minutes 30. "Sortez une vache qui veut marcher facilement hors du troupeau et conduisez la au centre de l'arène. Vous pouvez aussi trier une vache qui reste toute seule au centre quand toutes les autres ont la tête appuyée contre le mur du fond" explique Jon White. On utilise cette tactique quand il reste peu de temps et que le cutter doit sortir une vache avant que le buzzer ne retentisse.

Last one standing, Cut shape

Attends la dernière vache, celle qui reste, fais une shape cut : Si vous êtes débutant, voilà une expression que vous entendrez sûrement sur chaque tri. Isoler la dernière vache qui eut bien rester devant votre cheval est encore le meilleur moyen de ne pas rater son tri, zone de tous les dangers pour le cutter novice. Selon Jon White, il est capital que les débutants maîtrisent à la perfection la shape cut "Je ne laisse jamais mes débutants trier une vache en particulier tant qu'ils ne sont pas capables de trier n'importe quelle vache au bon endroit, c'est à dire au centre de l'arène. Jusqu'à ce qu'ils atteignent ce niveau, on ne fait que des shape cuts". Quand un cavalier entre dans le troupeau, les vaches se déplacent naturellement autour de lui. Un groupe de veaux sort du troupeau et le flux se dirige d'un côté ou de l'autre autour du cutter. Si par exemple, il se dirige à gauche, Jon White conseille de regarder les vaches qui se trouvent le plus à l'extérieur côté droit. Ce sont elles qui seront les plus faciles à trier au centre car ce sont celles qui resteront en dernière. Une shape cut consiste en fait à profiter du déplacement naturel des vaches autour du cheval pour isoler facilement une des dernières vaches qui restent devant lui.


Ride up, drive out, walk forward, step up, keep walking

Sors toi, avance, continue à avancer, monte, conduis tes vaches : Un bon tri ce n'est pas seulement isoler un animal, c'est conduire un groupe de vache et isoler un animal dans une bonne position. Plus on s'éloigne du troupeau, plus on peut travailler confortablement sans gêner les vaches qui se tiennent derrière. Les cavaliers ont tendance à entrer dans le troupeau et à s'arrêter trop tôt. Le risque selon Jon White c'est que cette vache peut vous prendre de vitesse et ruiner votre run avant même qu'il commence vraiment : "Montez cette vache, continuez à avancer jusqu'à ce que vous soyez dégagé de toutes les autres vaches". J.B McLamb explique à ses cutters qu'ils ne risquent jamais de monter trop loin. Cependant, il ne suffit pas viser les cabines des juges. Ils doivent avoir une idée de ce que vont faire les vaches, dans quel sens elles vont tourner et rouler. C'est toute la différence entre conduire des vaches et les sortir du troupeau. Vous devez conduire les veaux certes mais en visant une certaine position, bien au centre de l'arène et à distance suffisante du troupeau, pour pouvoir vous donner une chance d'essayer d'isoler un veau dans de bonnes conditions.

Let the cow come to you

Attends la vache : Une fois la vache isolée, la majorité du travail est effectuée. Ensuite, il suffit de l'empêcher de rejoindre le troupeau et là c'est au cheval de prendre ses responsabilités. Jon White explique que le défaut des cutters débutants est souvent de toujours vouloir aller vers la vache. Cependant, le Cutting impose une attitude plus défensive : "Je veux qu'ils posent la main et laissent la vache revenir vers eux . Vous ne voulez jamais vous précipiter en avant. Vous voulez au contraire rester dans la bonne position et garder l'avantage. Laissez cette vache revenir à vous, c'est à vos turn-backs de la renvoyer".

Put it down, drop your hand

Pose, pose ta main : Dès que votre vache est isolée, c'est à dire quand toutes les autres sont passées derrière les hanches de votre cheval, vous devez poser votre main. Un signal de vos aides peut vous être alors utile si vous n'avez pas des yeux dans le dos. "Posez votre main sur l'encolure. Faites confiance au cheval et laissez le faire son boulot" explique Jon White. Souvent, les débutants veulent en faire trop. Ils veulent donner les directions avec leurs rênes.


Get centered, face up

Centre toi, face à face avec la vache : Avant de poser votre main, vous devez vous assurer de commencer dans la position idéale. Cette position, c'est face à la vache et bien centré sur elle. Il ne faut jamais commencé en étant mal centré car cela pénalise ensuite le cheval. En commençant face à la vache, le cheval pourra plus facilement aller stopper la vache quand celle-ci effectuera son 1er déplacement.

Cow side leg, cow leg, herd side leg, herd leg

Jambe côté vache, jambe côté troupeau : Le plus grand défi pour un débutant en Cutting c'est de bien utiliser ses jambes. J.B McLamb explique que les débutants ont souvent du mal à savoir comment contrôler le cheval avec quelle jambe dès que le rythme s'accélère : "Je ne leur dis jamais jambe gauche ou jambe droite. Mais je distingue plutôt la jambe côté vache et la jambe côté troupeau". Cela permet de mieux se faire comprendre, peu importe si la vache part à gauche ou à droite.

Hold the line

Tiens ta ligne : Une fois la main posée, le principal job du cutter c'est de veiller à bien tenir sa ligne. Là encore, les aides peuvent apporter leur conseil. Jon White explique que le cutter doit toujours travailler en tenant une ligne imaginaire, parallèle aux déplacements du veau et qui passe entre ce dernier et le troupeau. J.B McLamb demande aux cavaliers débutants de prendre des repères de chaque côté et de tracer une ligne imaginaire : "Une fois sorti du troupeau, ils doivent tenir cette ligne sans avancer ni reculer. Ils peuvent céder un peu de terrain sous la pression du veau mais ils doivent le regagner à la 1ère occasion et revenir sur leur ligne".


Let your horse work, trust him

Laisse le travailler, fais lui confiance : Selon Jon White, certains débutants veulent trop en faire et finissent par gêner leur cheval. La vache indiquera à un cheval bien entraîné quand stopper et quand tourner. C'est très important que le cavalier ne cherche pas à anticiper. Il faut apprendre à attendre la vache bien sûr mais aussi le cheval. Si c'est un bon cheval, bien entraîné, laissez le travailler tranquille.

Seat, find your stop, push on your horn

Assieds toi, pousse sur ta corne : La position du cavalier est déterminante pour ne pas pénaliser le cheval. L'objectif c'est de toujours rester le plus droit possible pour éviter de gêner le cheval. Sur le stop, il est important de rester bien assis, tout comme dans le demi tour. C'est la position du cavalier qui conditionnera alors la qualité de déplacement du cheval. Vos aides sont aussi là pour vous aider à corriger vos défaut de position.

Ride to the stop, all the way, squeeze

Vas stopper, stoppe ta vache, jusqu'au bout, mets des jambes : Sans chercher à anticiper, c'est au cheval de lire la vache, il est important d'envoyer votre cheval stopper de chaque côté et ne pas vous contenter d'aller tranquillement à la barrière. N'anticipez surtout pas, ne cherchez pas à aller plus vite que la musique. Laissez le stop se mettre en place. Le cavalier doit laisser le cheval entrer dans le sol, prendre appui sur ses postérieurs et enfin tourner. Si le cavalier précipite le demi tour avant la fin du stop, cela poussera le cheval à rouler vers l'avant et à ne pas stopper. Laissez toujours le cheval rentrer complètement sous lui, c'est le gage d'un bon stop.

Get off, quit, look for a spot, find a place, when you can, next time

Quitte, quand tu peux quitter, la prochaine fois : Quand la pression s'intensifie, c'est une phrase que vos aides vous répéteront souvent. Il vous faut alors chercher une occasion pour quitter de façon légale. Le problème c'est qu'entre l'ordre le quitter et le moment où vous l'entendez, le comprenez et l'exécuter, il peut se passer 3 ou 4 secondes qui peuvent tout changer. C'est pourquoi vos aides ne vous diront jamais exactement quand quitter. On vous dira plutôt "quand tu peux" ou "la prochaine fois" pour vous signifier que la pression devient excessive ou que la vache a tout donné.


Voilà en gros les principales informations que vos aides peuvent vous donner et que vous devez être capables de comprendre. Attention quand même si vous aidez à ne pas saturer le cutter de conseils et d'informations diverses. Privilégiez des formules simples, compréhensibles et essentielles. Parler pour parler ne servira à rien si ce n'est peut peut être à évacuer votre stress. Un conseil hors de propos ou bateau pourra même agacer. Au contraire, une information importante ou un bon conseil encouragera le cutter. Le Cutting est un sport d'équipe et à ce titre la communication, peu importe la langue, est très importante entre les aides.

5 mai 2009

Le Herd-Settling


Préparer le troupeau : tout un art

Si on utilise des vaches fraîches en concours, c'est à dire des vaches qui n'ont jamais travaillé, cela implique néanmoins de préparer consciencieusement le troupeau avant que le premier concurrent n'entre dans l'arène. Traditionnellement, le premier concurrent désigne un cavalier qui va conditionner le troupeau durant environ une demi heure de façon à ce que le Cutting se déroule dans les meilleures conditions. Bien que cette étape puisse paraître fastidieuse, elle est capitale. Un troupeau mal préparé empêchera ensuite les concurrents de pouvoir pleinement s'exprimer. De plus, pour ces mêmes concurrents la préparation du troupeau permet d'observer le bétail et de commencer à distinguer les bonnes et les mauvaises vaches. Négliger cette étape c'est donc compromettre toute l'épreuve qui va suivre.


Il n'y a aucune recette miracle dans le herd-settling. Chaque troupeau est différent et donc le rôle du cavalier qui les prépare est avant tout de s'adapter et d'utiliser son expérience pour conditionner le mieux possible chaque troupeau. La responsabilité du show management est d'ailleurs très importante de ce point de vue. La préparation du troupeau dépend aussi de comment les veaux ont été transportés, débarqués ou parqués. Un troupeau qui a attendu dans un camion sans eau pendant deux heures au soleil ne pourra jamais être prêt pour du bon Cutting même avec le meilleur herd settling du monde. C'est parfois négligé sur certains shows mais idéalement les vaches doivent arriver un peu avant l'épreuve et pouvoir se reposer et s'abreuver au calme. Dans ces conditions là, le travail du herd settler sera bien plus facile et bien plus efficace. Sans donner de plan type, on peut revenir sur les objectifs et les grandes étapes du herd settling. La NCHA a édité récemment un DVD intitulé "How to settle a herd" dans lequel Chubby Turner et Boyd Rice donnent de nombreux conseils sur comment préparer efficacement un troupeau. 

Garantir des conditions équitables à tout le monde

La principale mission du herd-settler est de garantir des conditions équitables du 1er au dernier concurrent. On lui demande de conditionner le troupeau pour être sûr que le run du premier concurrent se passe dans les meilleurs conditions possibles. Mais il doit aussi veiller à préparer les vaches pour que le dernier concurrent dispose de bonnes conditions pour démontrer le potentiel de son cheval. Le rôle du herd settler est donc d'acclimater les vaches et de leur inculquer en quelques dizaines de minutes certains comportement clefs qui garantiront un Cutting de qualité. Le cavalier dispose pour cela d'autant de temps qu'il le souhaite. C'est à lui seul d'indiquer au show management quand il estime que le troupeau est prêt. Le herd settling est devenue aujourd'hui aux USA une science de précision et certains cavaliers sur les gros shows prennent pratiquement une heure pour préparer un troupeau. La NCHA pense d'ailleurs à imposer une limite de temps. En règle générale, une bonne préparation du troupeau prendra de 15 à 30 minutes selon le type de veaux auxquels on est confronté. 


Le herd-settler n'est pas là pour travailler uniquement pour son pote qui lui a demandé de préparer les veaux. Il n'est pas non plus là pour faire le show devant le public. Sur certains shows on voit parfois des types préparer le troupeau en pensant qu'ils doivent réaliser une sorte de première partie à la classe qui va venir. Le but du herd-settling n'est pas non plus d'entraîner son cheval à stopper ou à tourner. Enfin et surtout, le herd-settling n'est pas l'occasion de se payer une demi heure de Cutting gratuite. Le cavalier qui a la responsabilité de préparer le troupeau doit bien comprendre le but et l'importance de sa mission. Il n'est pas là pour galoper et stopper dans tous les sens ou pour trier et travailler la moitié des veaux présents. Au contraire, il doit faire le maximum pour garder le troupeau au calme et le préserver pour les concurrents. Son unique obsession doit être de faciliter le travail des tous les cutters inscrits dans la classe pour laquelle il prépare le troupeau. Un bon herd-settling permettra à chaque concurrent de trier et de travailler ses vaches dans les meilleures conditions possibles. Cela ne doit donc jamais être pris à la légère et choisir un mauvais herd-settler ou un cavalier qui ne sait pas quoi faire mettre en péril les runs de tout les concurrents.

S'approcher des veaux et les grouper

Quand les veaux pénètrent dans l'arène, le herd settler va commencer son travail. Il doit être en général assisté par plusieurs chevaux de turn-backs dont le principal rôle sera juste de se tenir sans bouger. On peut parfois laisser deux ou trois minutes aux vaches avant de commencer. Cela leur permet de découvrir les lieux et de s'habituer à la lumière ou aux bruits. Quand le herd settler commence son travail, sa première mission consiste à approcher le bétail. Tout ici doit être fait pour ne pas effrayer les veaux qui découvrent parfois pour la première fois le contact avec un cheval. On voit parfois des cavaliers préparer le troupeau en commençant directement à galoper dans tous les sens et à courir après les veaux. C'est une grave erreur car on ne laisse alors pas le temps aux vaches d'apprendre à réagir aux mouvements du cheval. Au contraire, le herd settler doit souvent commencer au pas et en se tenant au départ assez loin du troupeau. 



On commence juste par grouper gentiment les veaux au fond du manège le long de la back-fence. On se déplace donc devant le troupeau, au pas ou au petit trot, pour le grouper au fond de l'arène. Le but ici est de prendre la température du troupeau et de voir à quel type de vaches on est confronté. Il faut essayer de grouper ce troupeau en veillant à lui mettre le moins de pression possible au départ. Quand une vache ou un groupe de vache s'écarte du groupe, on peut faire un pas ou deux vers elles pour les y ramener. Mais dès que celles-ci réagissent, il faut reculer et faire redescendre la pression. Au bout de quelques minutes, 5 minutes suffisent amplement sur des vaches calmes et cette étape ne doit surtout pas être trop longue pour ne pas tasser le troupeau contre la back-fence, les veaux doivent se tenir calmement groupés au fond. A ce stade, on se tient encore à bonne distance du troupeau et on lui impose le moins de pression possible en se déplaçant lentement et en reculant dès que les veaux répondent correctement aux mouvements du cheval. Si on repère quelques vaches rebelles qui refusent de rester groupées, il faut bien veiller à les rabattre dans le troupeau et à leur apprendre à ne pas s'en séparer. 

Conduire les vaches et les étaler devant soi

Une fois que les vaches sont calmes et attentives au cheval, il est temps de leur apprendre à se décoller du mur du fond et à monter vers les juges sous la conduite du cheval. Toujours au pas, le herd settler va passer derrière le troupeau et monter toutes les vaches vers les turn-backs. Ces turn-backs doivent surtout veiller pour le moment à rester bien arretés pour ne pas pas effrayer les vaches. Le but ici est d'apprendre au troupeau à monter et à être conduit vers le centre de l'arène par un cheval. Si certaines vaches tentent de revenir vers le fond de l'arène, le herd settler doit les conduire à nouveau vers le haut dans le calme. Pour que les concurrents puissent effectuer leurs tris dans de bonnes conditions, il est important que les vaches sachent monter facilement, se laisser conduire dans le calme et donner une chance au  cutter de choisir un  animal qu'il veut isoler. 



Une fois que les vaches se sont laissées conduire vers les turn-backs et acceptent d'y rester sans tenter de les dépasser ou de revenir vers la back fence, le herd settler doit veiller à bien les étaler devant lui. Si elles sont toutes groupées, il doit avancer vers ce groupe pour les pousser à s'étaler devant lui dans le calme. Toujours au pas, le herd settler va donc commencer à se rapprocher doucement du bétail. Il va avancer vers les vaches qui se tiennent groupées pour leur apprendre à s'écarter un peu les unes des autres et à s'étaler devant le cheval. Attention ici à ne pas mettre trop de pression, il faut se déplacer toujours lentement et penser à bien reculer quand les vaches s'écartent du cheval. Sans se séparer totalement et sans chercher pour le moment à revenir dans le troupeau, les vaches doivent donc apprendre à se tenir calmement entre le herd settler et les turns backs et à bien s'écarter en éventail dès que le cheval fait un pas ou deux dans leur direction. 

Apprendre aux vaches à se séparer

Quand les vaches ont appris à monter et à se répartir devant le cheval, c'est le moment pour le herd settler de commencer à faire revenir certains veaux vers le fond et à apprendre aux vaches à se séparer en deux groupes : un qui se tient au fond contre la back fence et un qui attend en haut devant le cheval et face aux turn-backs. Ces derniers peuvent commencer à repousser très gentiment certains veaux vers le cheval du herd settler. L'objectif ici est de repousser quelques vaches vers le fond puis d'en ramener vers le groupe qui attend devant. On doit mettre en place une sorte de cycle qui permet de conduire les vaches vers le haut, de les faire attendre et bien s'étaler devant le cheval avant de retourner dans le calme vers le mur du fond. 



La clef ici pour le herd settler c'est de maintenir deux groupes bien distincts au fond de l'arène et puis devant les juges et ensuite de faire passer des vaches de l'un à l'autre. Dans l'idéal, les vaches doivent accepter de revenir une à une vers le fond. Il faut quand même bien veiller à ne pas laisser toujours les mêmes devant ou derrière. Chaque tête de bétail doit monter plusieurs fois et revenir plusieurs fois. Il faut aussi veiller à ne pas laisser les vaches qui restent au fond aller dans les coins. Elles doivent restées bien calmes le long de la back-fence à peu près au centre. Au besoin, on peut placer deux chevaux dans les coins pour servir de herd-holders. A ce stade, on va commencer à mettre un plus de pression sur les veaux. Il est important de ne pas laisser le troupeau s'endormir et de conserver le respect des veaux envers le cheval. On n'hésite pas à avancer directement sur les veaux pour les faire monter ou les faire revenir. Ils doivent restés calmes si le cheval est arrété mais bien s'écarter ou fuir devant lui s'il marche droit vers eux. On peut même commencer à trotter puis à stopper plusieurs entre les deux groupes pour les habituer à voir le cheval se déplacer rapidement et les dissuader de forcer le passage au cheval. 



Simuler quelques tris

Après 15 ou 20 minutes de préparation, les vaches ont acquis toutes les bases : rester grouper au fond, accepter la présence du cheval, réagir à ses mouvements dans le calme, se laisser conduire vers les turn-backs, se répartir devant le cheval, commencer à revenir dans le calme. L'ensemble de ces comportements garantiront à tous les concurrents des vaches qui connaissent leur job et qui réagissent de façon correcte aux actions des chevaux. Il est donc temps de passer à l'étape suivante et de simuler quelques tris pour garantir au premier concurrent des tris qui se passent dans de bonnes conditions. On va  faire sortir un groupe de vaches en veillant à ce que le corps du troupeau reste au fond de l'arène. On va monter ces vaches puis avec l'aide des turn-backs les étaler devant le cheval et les faire revenir doucement dans le troupeau. Le herd settler peut avancer droit sur le groupe qu'il a devant lui et le séparer en deux pour apprendre aux veaux à revenir dans le troupeau dans le calme en passant à droite et à gauche du cheval. 



Il important ici d'apprendre aux vaches à revenir dans le troupeau mais suffisamment dans le calme pour que les concurrents aient une chance de pouvoir bien choisir un animal et l'isoler sans l'affoler ou sans effrayer les autres veaux. Il ne faut pas trop en faire car il faut garder les veaux bien frais pour tous les concurrents. Il faut juste veiller à ce que le troupeau connaisse bien chaque étape du tri  et que tous les veaux se déplacent dans le calme et en respectant le cheval. On a pas besoin d'isoler la moindre vache, on doit juste simuler deux ou trois tris pour vérifier que le premier cutter pourra entrer dans le troupeau, en sortir un groupe de vache, le conduire vers les juges et ensuite isoler le veau qu'il souhaite travailler en faisant un pas ou deux vers lui. Cela ne sera possible que si les vaches savent rester groupées au fond, s'écarter devant le cheval, monter vers les turns backs, s'étaler devant le cheval et enfin revenir calmement dans le troupeau en passant le long du cutter à droite ou à gauche. 

Terminer en stoppant quelques fois devant le troupeau

Une fois tout le travail de conditionnement effectué, il reste juste à passer 5 ou 6 fois au galop devant le troupeau pour préparer les veaux aux mouvements rapides et intenses des chevaux de Cutting. On fait quelques passages au galop en frôlant les bords du troupeau et en stoppant plusieurs fois devant lui. On s'assure ainsi qu'aucune vache ne risque de sortir du troupeau quand les 1ers concurrents commenceront leur travail. En effet, durant les premiers passages, le troupeau sera encore frais et certaines vaches pourraient être effrayées par un cheval qui passe trop près du troupeau ou qui bouge très rapidement. 



Une fois son travail terminé, le herd settler doit indiquer que les veaux sont prêts et le travail peut commencer. Il est difficile d'observer les veaux en les préparant mais il est quand même important que le herd settler donne au premier concurrent, et à d'autres concurrents qui le sollicitent, son avis sur les veaux. Il peut indiquer par exemple son impression générale sur le troupeau et désigner les quelques vaches qui lui ont donné du fil à retordre. Il peut enfin conseiller une vache qui lui a semblé particulièrement intéressante. Enfin, on peut conclure en disant que pour préparer un troupeau l'expérience du herd-settler est capitale. On a présenté ici les grands objectifs et les principales étapes mais chaque troupeau réagit de façon différente et il faudra être capable de s'y adapter pour préparer le troupeau de façon optimale. 

15 avr. 2009

Gérer le temps


Construire son run

A y regarder de près, le Cutting est un sport assez simple. Chaque concurrent dispose de 2 minutes 30 pour montrer les qualités de son cheval. Pour convaincre les juges, il est important de réfléchir à ce que l'on veut présenter. Pris par notre volonté de nous faire plaisir et souvent impatients d'en découdre avec les vaches, nous oublions bien souvent d'établir le moindre plan de marche. Quand bien même on en a un, difficile de ne pas l'oublier quand il faut déjà penser aux vaches qu'on doit trier, à notre position à cheval et à plein d'autres détails qui empêchent souvent les cavaliers de prendre du recul sur leurs performances.  Pourtant, il est impossible de scorer régulièrement sans apprendre à construire un bon run. Si on ne veut pas compter sur le hasard, il est nécessaire de s'entraîner à présenter un run réflechi, posé et bien construit qui peut séduire les juges quelles que soient les conditions. 


Un run construit cela passe déjà par une bonne gestion du temps. En effet, si le cutter dispose de 2 minutes 30, il convient quand même d'exploiter au mieux ce temps. Un run  gagnant, c'est d'abord un run sans temps mort et où le juge sent que le cutter sait ce qu'il fait et où il veut en venir. Le premier dénominateur commun de tous les bons runs c'est donc avant tout une intensité qui doit être immédiate et constante durant les 2 minutes 30. Cela n'est possible que si le cutter gère avec intelligence le temps mis à sa disposition. Rien de plus désagréable pour un juge qu'un run qui tarde à décoller ou alors qui connaît un passage à vide. Si on ne sait pas gérer le temps, on s'expose à tout un ensemble de problèmes qui pénaliseront d'autant plus le cutter que les conditions sont difficiles. 

Savoir prendre son temps

Pour maximiser les 2 minutes 30 que l'on va passer devant le juge, il faut déjà bien comprendre que celui-ci privilégiera toujours la qualité à la quantité. L'objectif ne doit pas être de lui montrer au maximum votre cheval mais plutôt de lui montrer votre cheval à son maximum. En clair, on ne vous demande pas de sortir le plus grand nombre de vaches possible mais plutôt de chercher à montrer les qualités de votre cheval sur 2 ou 3 vaches bien choisies. Un juge préférera toujours 10 secondes intenses et de qualité sur une bonne vache que 20 secondes moyennes et avec des temps morts sur une mauvaise vache. 


Gérer son temps c'est donc tout d'abord ne pas hésiter à varier le rythme pour présenter quelque chose de dynamique. N'hésitez jamais à prendre quelques secondes entre chaque vache pour penser à la suite de votre run ou pour laisser votre cheval se concentrer à nouveau. La précipitation ou l'impatience ne conduiront qu'à un run brouillon qui ne séduira pas le juge. Au contraire, lui montrer qu'on sait prendre du recul sur ce qu'on est en train de faire est toujours bénéfique. Bien sûr, pour évaluer le run content, le juge s'intéresse au "time worked"mais ce n'est pas un critère fondamental du run content comme le "herd work", le "setting up a cow" ou le "controlling a cow". C'est éventuellement un petit plus mais ce n'est pas la clef pour scorer de façon régulière. Vous pouvez observer tous les meilleurs cavaliers, vous n'en verrez aucun se précipiter. Au contraire, tous font des pauses, varient le rythme pour proposer un run qui soit le plus dynamique et vivant possible. 

Rechercher l'équilibre

Durant les 2 minutes 30 imparties, il est important de chercher à présenter au juge un run qui s'approche le plus possible d'un run "parfait". Shower son cheval c'est toujours chercher à le mettre le plus possible en valeur en visant un run le plus équilibré et le plus fluide possible. En ce qui concerne la gestion du chrono, un run type se base sur 3 vaches travaillées. On peut n'en sortir que deux si les conditions l'imposent mais il est toujours pénalisant de sortir plus de 3 vaches. Cela donne l'impression d'un run précipité et mal pensé ce qui conduit toujours à une sanction au niveau du run content. 


Un run équilibré c'est donc un run idéalement bati sur 3 vaches. On considère qu'une bonne vache donnera son maximum sur 20 ou 25 secondes. En dessous, on n'en a pas exploité tout le potentiel. Au dessus, l'intensité et le challenge proposés par le veau risquent de baisser. Un bon tri, à l'exception du 1er qui est automatiquement plus long, durera  une vingtaine de seconde. A partir de le là, on comprend vite qu'un run équilibré c'est un run où la seconde vache commence quand il reste environ 1 minutes 30 et où la dernière vache commence à 20 ou 25 secondes de la fin. Cela nous donne un premier tri qui dure 40 secondes puis une première vache travaillée durant 25 secondes. Un deuxième tri de 20 secondes et la seconde vache commence à 1 minute environ du buzzer pour 20 ou 25 secondes. Il reste alors 40 ou 45 secondes pour effectuer un dernier tri de 20 secondes et terminer sur une vache durant 20 secondes. Cela nous donne donc 2 minutes 30 découpées de façon idéale : 40 secondes de tri 1, 25 secondes de vache 1, 20 secondes de tri 2, 25 secondes de vache 2, 20 secondes de tri 3 et 20 secondes de vache 3. Dans l'idéal c'est ce tableau de marche qu'il faut essayer de suivre. 

Surveiller le chrono

Pour respecter ce plan de marche, il faut penser à surveiller le chrono durant votre run. Pris dans le stress de la compétition, on peut parfois oublier de jetter un oeil au chrono pour savoir où on en est. Il est alors impossible de savoir combien de temps il reste et donc il est impossible de bien gérer son temps. Quand vous quittez une vache, votre premier réflexe doit être de regarder le chrono. Prenez deux ou trois secondes pour surveiller ce chrono et savoir où vous en êtes exactement. Si vous avez en tête quelques temps de passage de référence, 1 minute 45 avant le buzzer pour la fin de la première vache et 40 secondes pour la fin de la deuxième vache, vous saurez avec précision où vous en êtes par rapport à votre plan de marche.


Durant le run, c'est aussi le rôle des aides, turn-back men et herd holders, d'informer le cutter sur le temps qui lui reste. Pour que ce dernier puisse gérer son temps de façon optimale, il faut l'informer en lui donnant quelques grands repères. Indiquer au cutter qu'il reste 1 minute 30, 1 minute ou 30 secondes sont des indications utiles pour savoir quand vient le moment de quitter ou de changer de vache. Les aides sont aussi là pour aider le cutter à bien gérer son temps. Il peuvent par exemple lui rappeler de prendre son temps ou au contraire lui dire de se dépêcher de trier. En toute fin de run, il est agréable de savoir qu'il reste 10 secondes ou 5 secondes. Cela aide à se motiver et à ne pas lâcher. 

Etre réactif et s'adapter

On ne déroule pratiquement jamais un run idéal. Les conditions font souvent qu'on prend du retard ou de l'avance sur le plan de marche. Savoir gérer son temps c'est en fait surtout savoir s'adapter aux circonstances pour revenir le plus vite possible et le plus simplement possible vers son plan de marche initial. Un cavalier qui fait preuve d'un bon showmanship c'est quelqu'un qui va être capable en cas de problème de s'adapter immédiatement. Cela demande de la réflexion et du recul pour être suffisamment réactif. Au contraire, si  on ne s'adapte pas, on subit ce qui conduit dans la majorité des cas à la faute. Un bon run se monte toujours avec une stratégie ou un plan en tête. Mais le Cutting n'est pas un sport où on peut dérouler un parcours. Un mauvais choix de vache, un tri compliqué, une erreur du cheval, une vache qu'on ne peut pas quitter ou une vache dangereuse qu'on doit quitter à la première occasion sont autant d'imprévus qui vont venir perturber votre plan de départ. Pour scorer, il faut alors montrer qu'on sait s'y adapter. Cela passe d'abord par une gestion intelligente du chrono. Réagir à un imprévu dans un run c'est en premier lieu penser au chrono et tenter de revenir à un run le plus équilibré possible. 


C'est la seconde qui permet le mieux d'adapter son run. Sur la première, on est condamné à subir. Le tri est automatiquement plus long car on doit marcher vers le troupeau et on découvre les vaches. On peut bien sûr s'adapter facilement sur la dernière vache. Un tri rapide en faisant sauter une vache sur les bords du troupeau sauvera bien des situations en show. Mais c'est aussi un jeu dangereux. Si on a trop de temps on risque de devoir travailler une vache 30 secondes ou plus avec le risque qu'elle devienne apathique ou piégeuse. Si on a pas assez de temps, on va devoir précipiter le tri au risque de le rater ou de ne pas pouvoir travailler le dernier veau suffisamment longtemps. Sur la deuxième vache, au contraire, on peut ajuster le déroulé de son run pour garder les 30 ou 35 nécessaires à la fin pour trier puis travailler une bonne dernière vache et ainsi finir en beauté. 

Démontrer sa maîtrise

Un juge ne vous pardonnera un accroc dans un run que si vous démontrez votre faculté à vous adapter et à reprendre le contrôle de la situation. Cela signifie d'abord contrôler le temps. Montrer au juge qu'on est suffisamment à l'aise pour avoir le recul nécessaire pour gérer le chrono, c'est déjà le rassurer sur votre capacité à montrer un bon run construit et maîtrisé. Rien n'effraie plus un juge que le manque de maîtrise flagrant dans un run brouillon. Si votre première vache a été très longue, deux solutions s'offrent à vous. Vous pouvez vous rabattre sur un run avec seulement deux vaches travaillées. Vous économisez un tri mais vous devrez quand même travailler votre seconde vache un peu plus longtemps. Dans ce type de run , les dernières secondes sont souvent stressantes mais si cela marche vous aurez montré au juge votre courage et votre capacité à rattraper un run parti sur des bases difficiles. L'autre solution c'est de corriger votre retard sur la seconde vache. Ne vous précipitez pas mais triez une vache plutôt sur les bords du troupeau ainsi vous éviterez un deuxième tri trop long. N'hésitez pas aussi à lâcher votre seconde vache assez tôt pour conserver suffisamment de temps pour la dernière vache. La dernière solution est de couper une seule vache au bord sur le troisième tri pour finir fort les quelques secondes qui vous resteront pour la dernière vache. 


Si au contraire il vous reste beaucoup de temps après la première vache, le but est de corriger cette avance. Prenez quelques secondes avant le second tri pour laisser souffler votre cheval et pour observer les vaches. N'hésitez pas à aller trier au fond du troupeau. Vous gagnerez ainsi 10 ou 15 secondes pour repartir sur des bases normales. Vous pouvez aussi tenir votre seconde vache un peu plus longtemps pour vous lancer dans votre dernier tri avec entre 30 et 45 secondes devant vous. On peut également s'ajuster sur la dernière vache en réalisant un troisième tri assez profond pour ne pas avoir à tenir la dernière vache trop longtemps. On comprend donc bien que gérer le chrono dans un run  passe avant tout par une prise en compte permanente du temps et par de petits ajustements pour équilibrer son run. Il n'y a pas de recette miracle où d'astuces magiques mais un run où le cutter gère intelligemment le chrono sera toujours plus simple, plus fluide et plus maîtrisé.