De nos jours, les cutters s'affrontent dans des arènes immenses pour des millions de dollars de primes. Ca n'a pas toujours été le cas.
Un cow-boy, débarquant aujourd'hui directement de son XIXème siècle natal, serait probablement ébahi par les prouesses technologiques de notre monde moderne. Mais il se sentirait comme chez lui sur un concours de cutting. Lorsque les cow-boys américains, dans les années 1800, commencèrent à utiliser leurs meilleurs chevaux pour séparer certaines têtes de bétail d'un troupeau, cela faisait partie à part entière de leur travail quotidien. Ils n'auraient pu imaginer que le Cutting deviendrait un des sports équestres les plus populaires au monde. Chaque année, des milliers de fans de ce sport, du Texas jusqu'à la lointaine Australie, en font leur loisir favori. Le Cutting est un sport qui porte un héritage ancré très profondément dans la tradition et dans l'histoire américaine. Du temps de la Chisholm Trail à aujourd'hui, les chevaux de cutting ont su s'imposer comme des outils indispensables auprès du bétail. A l'époque de l'Ouest non clôturé, le bétail d'une compagnie de bétail se mélangeait souvent avec celui d'une autre compagnie. Deux fois par an, au printemps et à l'automne, les ranches voisins organisaient un roundup pour séparer leurs vaches. Chaque compagnie de bétail possédait un groupe de chevaux. Au sein de cette "Remuda" les cow-boys disposaient chacun d'un piquet de chevaux capables d'exécuter tous les travaux habituels sur un ranch. Par exemple, un cow-boy se devait de disposer d'une monture très calme pour patrouiller la nuit mais le matin venu il pouvait monter un jeune cheval pour se rendre aux confins du cercle du roundup.

Le cheval de Cutting faisait partie de l'élite de la Remuda.
Le cheval de Cutting commençait à cette époque au sein du piquet de chevaux d'un cow-boy. Son sens du bétail attirait vite l'attention du chef du roundup. C'était le cheval qui pointait naturellement ses oreilles vers les vaches, celui qui fixait le bétail et le suivait des yeux. Il savait instinctivement comment ne pas l'affoler. Il se montrait attentif à ses moindres mouvements. Ce cheval savait faire du difficile et long travail de séparer les vaches un jeu d'enfant. Il en venait même à le rendre amusant. Will Rogers expliquait après un voyage dans un ranch du sud Texas dans les années 1920 : "Cela valait vraiment les heures cheval dans les buissons épineux, juste pour se poser dur le dos de OL' GOTCH et ressentir ses épaules rouler, regarder ses oreilles et sa tête basse bouger dès qu'un veau passait dans son champ de vision. A mesure que les grandes compagnies de bétail cédèrent la place aux petites fermes et aux ranches au cours du XIXème siècle, les pickups et les couloirs de contention remplacèrent peu à peu les chevaux de bétail. Quelques grands ranches continuèrent à organiser des roundups de façon traditionnelle mais les chevaux de Cutting devinrent vite inutiles.
La NCHA a donné aux chevaux de Cutting une deuxième vie en faisant de ce travailleurs des ranches les athlètes d'un des sports équestres les plus excitants.
La première véritable compétition de Cutting a eu lieu en 1898 lors de la Cow-boy Reunion de Haskell au Texas. Plus de 15 000 personnes, attirées par les annonces publiées dans le Dallas News et le Kansas City Star, y assistèrent. Alors que le le chemin de fer le plus proche était à 75 km, la plupart vint à cheval ou en wagon. La compétition offrait $ 150, une somme non négligeable en ce temps là, aux 11 cavaliers inscrits. OLD HUB, dont les supporters soutenaient qu'il pouvait travailler avec les yeux bandés et sans bride, fut tiré de sa retraite par Sam Graves pour participer à cette épreuve. Graves nourrit le vieux cheval de 22 ans avec le meilleur foin et la meilleure avoine et l'attacha à l'arrière d'une diligence pour un trajet de deux jours jusqu'à Haskell. Son voyage et sa victoire sont entrés dans les livres d'histoire et Graves dépensa plus de la moitié de sa prime de victoire pour s'assurer que OLD HUB puisse bénéficier des meilleurs soins pour le reste de ses jours. La première trace d'une épreuve de Cutting organisée dans un manège avec des spectateurs remonte à 1919. Lors de la Southwestern Exposition and Fat Stock Show à Fort Worth au Texas, une épreuve de Cutting fut ajoutée au rodéo annuel. Cela devint une compétition à part entière l'année suivante.

En 1946, un groupe de 13 propriétaires de chevaux de Cutting se réunirent à Fort Worth pour fonder la NCHA.
Il y avait à cette époque tellement de compétitions organisées avec des règles et des conditions très différentes, que ces 13 cutters décidèrent de former une association pour établir un standard de compétition ainsi que des règles qui donnèrent naissance au sport que nous connaissons aujourd'hui. Un de ces fondateurs, Ray Smyth déclara : "Quand la réunion se termina, nous avions créer ce que nous pensions être une association de cutting plus ou moins locale. Quelqu'un plaisanta même en disant que nous aurions de la chance si nous parvenions à atteindre 50 membres dans l'année.". Un peu plus tard, lors d'une réunion à Mineral Wells au Texas, l'association fut constituée et Pat Dalton suggéra le nom de National Cutting Horse Association car il apparaissait qu'elle serait capable de se développer. Le premier concours NCHA fut organisé à Dublin au Texas en 1946. Volney Hildreth, le trésorier, gardait les finances de l'association. Si les autres membres voulaient investir dans quoi que ce soit, Volney Hildreth leur demandait de trouver d'abord assez de membres pour disposer des fonds nécessaires. Quand la NCHA a été créée, la plupart des chevaux de Cutting était des hongres travaillant sur les ranches comme OLD PAINT, un cheval paint d'origine inconnue que Smyth avait acheté pour $ 40 dans une foire à Weatherford. OLD PAINT devint l'un des tous premiers champions de cutting. Certains des plus grands ranches avait continué à élever leurs propres chevaux durant des années. Le célèbre "King Ranch" disposait d'une remuda de chevaux couleur cuivre descendants de l'étalon OLD SORREL. Les chevaux "Yellow Jacket", avec leur robe dorée et leurs crins noirs, remplissaient les patures du Burnett's Triangle Ranch. La compagnie Pitchfork était connue de son côté pour ses poneys de bétail descendants de l'étalon Grey Badger.
En 1963, la NCHA organisa 504 concours de cutting durant lesquels les cutters se partagèrent cette année là un total de prime s'élevant à $ 404 183.
Le premier NCHA Futurity de 1962 distribua $ 23 225. En 2005, 43 années plus tard, les participants du NCHA Futurity se sont partagés plus de $ 2,7 millions. Cela représente plus de 100 fois la prime du 1er Futurity. En 2005, ce sont pas moins de $ 36 millions qui furent distribués sur tous les concours de Cutting organisés par la NCHA. Mais au delà des chiffres, les plus grandes satisfactions qu'apportent le cutting restent indescriptibles. Le lien entre les hommes et les chevaux qui rend ce sport équestre si spécial est né dans la sueur et la poussière de l'Ouest. Buster Welch, une des légendes du Cutting, explique : "Ceux ont transporté le Cutting des plaines de l'Ouest aux arènes de compétition ont permis aux talents des cow-boys et des cattlemen de continuer à vivre. Ils en ont faire un sport qui permet à l'art de travailler des vaches avec un cheval de rester bien vivant aujourd'hui.".