10 nov. 2009

Bilan de la saison 2009


Elever le niveau

Alors que la saison de Cutting vient de s'achever en France, on peut essayer d'en établir un premier bilan. Le premier constat que l'on peut faire, celui qui saute aux yeux, c'est bien sûr que le niveau a beaucoup progressé ces dernières années. Il existe aujourd'hui chez nous un noyau d'une quinzaine de très bons chevaux qui tirent tout le monde vers le haut. C'est incontestable et nous l'avons constaté cette année sur chaque concours en France. On a eu des classes Open et Non Pro extrêmement disputées avec des chevaux de valeur quasi égale qui pouvaient chacun viser la victoire. C'est vraiment gage de bonne santé du Cutting chez nous car cela donne des compétitions acharnées où chaque cavalier doit donner son meilleur. Là où un 71 suffisait à gagner il y a 5 ans, il faut maintenant scorer très haut pour espérer monter sur le podium. On a pu voir sur certaines classes défiler les scores entre 72 et 75. Ce niveau homogène et en progression constante est une vraie chance pour chacun des cutters français. L'émulation qui en résulte fera progresser tout le monde. Pour comparer avec l'Allemagne par exemple, le niveau de nos classes Open et Non Pro est parfois plus homogène. Certains chevaux comme LYNNIES CAT ou DOUBLE DOWN MERADA ont réalisé une très grosse saison. D'autres comme MH MILLIONHEIR BOUND ou HULDAS LITTLE JERRY se sont montrés aussi réguliers dans les bonnes performances. C'est très encourageant. 


Dans les classes Novice Horses ou jeunes chevaux on peut faire un peu le même constat. L'arrivée d'un cheval comme SHINING PEPTO PLAYBOY est par exemple une excellente surprise. Voir un cheval de 3 ans remporter le Futurity en Octobre en sortant deux classes très propres démontre les progrès qu'ont accompli certains entraîneurs. Ce cheval est prometteur et c'est un cheval dont on a déjà envie de suivre l'évolution. Le point négatif pour les jeunes chevaux se situe plus au niveau de la participation. Seulement 4 inscrits au Futurity c'est quand même faible quand on nous parlait en janvier de possibles shows dédiés uniquement aux jeunes chevaux. Pourquoi autant d'entraîneurs sont absents de ces classes jeunes chevaux ? Encore une fois, sans émulation et sans compétition il sera difficile de progresser, de faire prendre des gains aux chevaux et de hausser le niveau. Dans les classes Novice Horses, la participation est beaucoup plus forte. Elle atteint même des sommets sur certains shows au détriment de l'Open par exemple. C'est en partie une bonne chose. Cela prouve que les classes commencent à se spécialiser chez nous. On ne retrouve pas les même chevaux en Open et en Novice Horses et c'est à mon sens assez sain pour le sport. La seule incongruité c'est de voir parfois des classes Open où il y a plus de Non Pros que de cavaliers Open mais c'est un autre débat. Pour en revenir aux classes Novice Horses, le niveau évolue bien là aussi. On y trouve un plateau homogène avec des chevaux nés en France, des chevaux récemment importés qui découvre le Cutting en Europe ou des chevaux qui sont là depuis plus longtemps mais qui veulent évoluer à leur rythme. C'est un bon mélange qui peut profiter à tout le monde et qui a offert sur certains shows de jolies classes. On a une structure assez cohérente qui se met en place avec le $ 3 000 NH, le $ 10 000 NH et l'Open dans laquelle un cheval peut gravir les échelons pas à pas. C'est une très bonne chose et c'est un point fort à souligner. 


Renforcer la qualité des shows

Là aussi, l'émulation a donné un coup de pouce formidable à tout le monde. Certains shows au dessus du lot ont inspiré les plus petits et le niveau global a vraiment monté. Quand on se déplace un peu en Europe, on s'aperçoit que le niveau moyen de nos shows fait bonne figure. Nous n'avons pas de très gros shows comme Americana par exemple, mais les week-end shows de la qualité de ceux organisés par Charmot QH par exemple sont très rares. En terme de qualité de structure et d'organisation, on peut d'ailleurs citer ce show en exemple. On l'a encore constaté cette année en Avril et en Octobre. Ce show peut et doit inspirer tout le monde. C'est le plus gros show en France et c'est aussi celui qui propose les meilleurs installations. Le nouveau sol a même apporté la dernière pierre qui manquait pour en faire à mon sens un des tous meilleurs shows auxquels il nous ait été donné de participer cette année. A une échelle plus modeste, les 2 shows de la Cabernet CHA ont aussi été une réussite. Certes adaptés à un structure moins démesurée, ils s'imposent quand même cette année comme des week-end shows solides qui en termes de qualité de sol ou de bétail n'ont rien à envier à d'autres concours. 


Le sol est un bon exemple d'un élément sur lequel les mentalités ont déjà bien évoluées. Pour chaque show aujourd'hui et chaque participant, c'est devenu une question majeure. Tout le monde a compris qu'il fallait y apporter une attention toute particulière. C'est déjà un gros pas en avant. Maintenant, il faut poursuivre ces efforts et continuer à améliorer ce qui peut l'être. La quantité de sable ne fait pas tout par exemple. C'est surtout la qualité de ce sable qui fera que le sol sera bon ou non. Un sable de qualité moyenne se tassera très vite même si on en met 25 cm. Au contraire, 15 cm d'un sable d'excellente qualité permettront à chaque cheval de pouvoir s'exprimer pleinement. C'est cette dernière étape que nous devons franchir pour faire franchir un nouveau pallier à nos concours : garder un très haut niveau d'exigence. Les cadres et l'organisation se sont mis au niveau, maintenant il faut rentrer dans les détails : qualité des vaches, dimensions des arènes, entretien du sol, l'organisation de practices de qualité... L'objectif serait a terme d'avoir en France un circuit d'une petite dizaine de week-end shows de tailles différentes mais de qualité constante. 


Développer les clinics

Le dernier show de la saison à Lye, il y a quelques jours, a été très intéressant. On a pu mesurer après 7 ou 8 mois de compétition l'évolution de chaque cheval. Une chose m'a sauté aux yeux, ce sont les progrès accomplis par tous les cavaliers qui avaient assisté au clinic donné par Scott Ferguson dans ces mêmes installations en Mai. Par exemple, voir Cyrille Jubault réussir un 68 en remporter la classe $ 2 000 AH/AR avec son cheval BLUE MISTRAL a montré combien il avait profité des 3 jours passés en compagnie de Scott. Ce dernier n'est pas venu pour révolutionner le Cutting chez nous. Mais il a donné à ceux qui en avaient besoin un programme, une ligne directrice que chacun a ensuite appliqué en fonction de son cheval et de son niveau d'équitation. Encore une fois, si SHINING PEPTO PLAYBOY a aussi bien évolué depuis Mai dernier, c'est peut être aussi car Gaétan Foulatier, son entraîneur, a eu l'intelligence d'apprendre et de s'inspirer du travail de Scott. De tels clinics sont une mine d'or pour tout le monde, ceux qui font l'effort d'y participer et même pour ceux qui n'y participent pas. La nature humaine est ainsi faite, on copie ce qui marche. Si quelqu'un progresse grâce à un clinic, apprend des choses, il va les reproduire en show et améliorer ces performances. D'autres auront peut être ensuite l'intelligence de s'en inspirer.


C'est pour cela que les clinics sont si importants. C'est pareil pour les juges. Faire appel à de nouveaux juges, varier les points de vue permet à chacun d'apprendre, de découvrir de nouveaux trucs. Si on se cantonne à toujours jouer en vase clos, alors tout le monde stagne car on ne découvre plus rien. Je ne dis pas que ça doit être systématique, mais pouvoir échanger de temps en temps avec des gens qui évoluent un ou deux crans au dessus de nous c'est une très bonne chose. C'est d'ailleurs un atout formidable de notre sport, on peut apprendre et cotoyer certains des meilleurs cavaliers au monde. Tout ce que cela demande c'est un minimum d'humilité et quelques efforts pour montrer qu'on a soif d'apprendre. Scott lui même a été etonné de l'énergie et des efforts que nous déployons pour pratiquer le Cutting ici. Encadrons ces efforts, canalisons cette énergie avec les bonnes personnes et le niveau franchira encore un cran car les bons chevaux sont déjà là. 


Faire de la pédagogie

C'est un des gros points noirs qu'on a pu constater toute cette saison : la méconnaissance des règles ou des us et coutumes qui règnent parfois sur nos shows. Ce blog a essayé, en partie, de répondre au problème en traduisant les Judging Rules par exemple. Mais on constate à chaque concours une méconnaissance des règles qui est parfois confondante. Cela va des simples règles de jugement à des choses beaucoup plus embêtantes comme le comportement des participants, les règles de show management ou le comportement vis à vis des juges. La NCHA organise, avec ses différentes affiliates, plus de 2 500 concours par an. On peut donc estimer que le cadre qu'elle impose, son cahier des charges, ne peut pas et ne doit pas être soumis à la moindre discussion. Pourtant, nombre de cavaliers chez nous l'interprètent à leur sauce, transforment les règles, les comprennent de travers, ne les connaissent tout simplement pas ou encore plus fort en inventent de nouvelles qui n'existent pas ! Quand on pratique un sport, connaître les règles du jeu paraît quand même relever plus de l'essentiel que de l'accessoire. 


On peut multiplier les efforts de pédagogie, traduire, expliquer mais à un moment donné certains doivent aussi se mettre au diapason. Ce ne sont pas souvent les débutants les plus réfractaires. Au contraire, la plupart ne demandent qu'à apprendre et saluent les efforts fait pour expliquer ou commenter. Mais quand on en voit certains, qu'on aperçoit même plus à cheval sur les shows depuis des années ou alors seulement à pied et accoudés au bar, réinventer le Cutting, les règles et le monde bien tranquillement planqués derrière la barrière, on se dit qu'il y a du boulot. Il faudrait d'ailleurs enregistrer le discours pour bien mesurer le nombre de conneries débitées à la seconde. Si d'un côté on tente de faire quelques efforts de pédagogie, d'autres effectuent un travail de désinformation assez considérable et terriblement néfaste. On pourrait aussi citer le comportement absolument inadmissible de certains entraîneurs qui feraient bien de sortir un peu de leur trou pour apprendre comment on est censé se comporter au sens large du terme sur les shows. 

Ménager les bonnes volonté

Organiser un show aujourd'hui, c'est vraiment devenu un exercice de haut vol. Cela demande une dépense de moyens absolument déraisonnable. Cela demande aussi un investissement en temps et en argent qui risque à l'avenir de freiner les plus enthousiastes et les plus motivés. C'est une expérience que chaque participant devrait faire au moins une fois pour mieux mesurer tout le travail que cela représente. Il y a ce que vous voyez en tant que participant plus tout le boulot en amont et en aval que vous ne voyez jamais. On a beau être motivés, on sort toujours de ces concours sur les rotules en se demandant pourquoi on fait tout ça. C'est d'ailleurs pour cela qu'il faut éviter au maximum de taper sur l'organisateur qui donne souvent 200 % de son énergie pour tout se passe au  mieux. Entre trouver des vaches, un juge, des concurrents ou des boxes, organiser un show aujourd'hui demande énormément de patience, de diplomatie et d'énergie. Avec des vaches qui sont de plus en plus coûteuses, il est aussi de plus en plus difficile de retomber sur ses pattes financièrement.  Un concours comme le dernier Cabernet Cutting Show c'est presque 15 000 euros de budget au total. Si on veut conserver un certain standard de qualité il est très dur de diminuer ce coût ce qui explique des classes qui sont chères aujourd'hui. 


Dans ce contexte là, on est peut être en droit d'attendre un petit plus d'efforts des participants. En tant qu'organisateur, certains comportements sont parfois très agaçants. Quand on va en Allemagne, tout le monde envoie ses engagements à l'heure. Tout le monde vient de payer de lui même quand le show office ouvre. Tout le monde réserve ses practices à l'avance. Avoir à courir après un participant tout le week-end pour qu'il paye ses engagements, cela commence honnêtement à fatiguer un peu toutes les bonnes volontés. Aujourd'hui nos shows sont bien implantés, ils sont dépassés le seuil critique en terme de participants. On va donc commencer à serrer la vis et on sera à l'avenir moins patients avec ceux qui préviennent la veille du show qu'ils viennent ou qui n'ont pas compris que le show office ne peut pas être ouvert 24H/24. Tout cela se sont des efforts minimes pour ceux qui participent mais c'est tellement de temps gagné pour ceux qui organisent que cela va devoir rentrer dans les têtes d'une façon ou d'une autre. Les bonnes âmes qui veulent se donner la peine d'organiser des shows sont peu nombreuses, alors ménageons les. 

Jouer l'Europe

Nous avons pu nous déplacer plusieurs fois en Allemagne cette année. Cela avait commencé avec le pire en Février à Bremen avant de se terminer par un des meilleurs shows de l'année à Daarmstadt pour les Championnats d'Allemagne en Septembre. C'est le jeu quand on va à l'étranger, on découvre de nouveaux shows, de nouveaux cutters ou de nouveaux chevaux. Mais ce sont à chaque fois des expériences dont on apprend beaucoup. Il faudra bien un jour ou l'autre que l'Europe se dote d'une NCHA Area. Certains y travaillent déjà. La NCHA Allemande fait en ce moment même un gros travail aussi bien de lobbying aux USA que directement chez elle pour améliorer la qualité des shows ou du bétail. Pour nous autres français, qui sommes au milieu des italiens ou des allemands, c'est un sacrée opportunité. Plus on sera nombreux à aller shower en Italie ou en Allemagne moins on y serons isolés et plus ce sera facile pour tout le monde. 


Il n'y a pas de secret. Ceux qui progressent le plus ces dernières années sont ceux qui vont shower aux USA ou en Europe. Cela se voit comme le nez au milieu de la figure tant leur showmanship en est transformé. Aller shower à l'étranger est un pas difficile à franchir car au delà de l'investissement que cela représente cela implique aussi une sacrée préparation et une certaine remise en cause. Mais c'est aussi en se confrontant à meilleurs que nous qu'on se donne une chance de progresser. Il n'y a pas que des bonnes choses en Allemagne ou en Italie et nous n'avons pas de complexes à faire tant que nous développons le Cutting chez nous à notre rythme et dans la bonne direction. Mais des shows comme Americana par exemple permettent de progresser plus vite et d'aller plus loin. Cela ne remplace pas les shows chez nous loin de là, au contraire cela les complète.