Clinic avec Scott Ferguson : les 4 temps du Cutting
Selon Scott, le Cutting repose sur deux fondamentaux : stopper la vache et tourner avec elle. Il y a 100 façons différentes d'obtenir ce résultat et chaque entraîneur développe ses propres outils. Scott exige de ses chevaux qu'ils mettent en place un schéma unique quand ils travaillent une vache. Il veut un cheval qui tienne bien sa ligne, qui se déplace de chaque côté bien droit et bien parallèle au veau, qui stoppe et qui ensuite tienne ce stop en étant prêt à tourner tant qu'il n'est pas sûr de la direction que va prendre la vache. A chaque instant, le cheval doit garder la tête du veau au niveau de son épaule. Les chevaux de Scott sont le moins possible face aux vaches. Il cherche à mettre en place ce schéma car il permet de piéger la vache et de la maintenir au centre sans prendre trop de risques.

Pour mettre en place ce schéma, Scott va décomposer le mouvement en quatre temps : stopper, placer le cheval en équilibre, tourner et voyager avec la vache. Chaque étape doit être indépendante et l'entraînement consiste à apprendre aux chevaux à les enchaîner dans l'ordre et avec le plus de fluidité possible. On peut travailler cet enchaînement sur les vaches ou sur le veau électrique indifféremment. Le veau électrique permet cependant de faire les choses plus lentement au départ et de mieux les contrôler pour insister sur les points faibles du cheval ou le piéger. Ce qui compte c'est le ressenti du cavalier qui doit être intransigeant et demander au cheval l'exécution la plus parfaite possible de chaque mouvement. Un cheval apprend avant tout par la répétition. On va ici détailler le programme sur le veau mécanique mais la philosophie est la même quand on travaille sur les vaches. Scott a pour habitude de monter avec des rênes très courtes. Cela lui permet d'intervenir de façon rapide et précise et ainsi de ne pas risquer d'effrayer le cheval.
Stopper avec le veau
Le stop est pour Scott la responsabilité du cheval. Quand le veau s'arrête, le cheval doit s'arrêter aussi en stoppant bien doit et en entrant bien dans le sol. Peu importe si le cheval est trop long, on doit lui donner une chance de stopper. Sur un jeune cheval ou sur un cheval un peu long on commencera donc par s'asseoir bien dans la selle et par retirer les jambes dès que le veau s'arrête pour l'aider à stopper. On peut même dire whao pour l'inciter à entrer de lui même dans le sol. Si le cheval refuse de s'arrêter alors seulement le cavalier devra intervenir et le stopper avec ses rênes.

Si le cheval est trop long, on le recule immédiatement pour ramener la tête du veau à hauteur de son épaule. Les défauts qu'on doit surveiller ici sont les chevaux qui stoppent trop sur les épaules, ceux qui sortent la hanche extérieur ou ceux qui font tomber leur épaule. Scott recherche un stop fluide dans lequel le cheval rentre bien dans le sol avec ses jarrets et casse le rein. Ce qui compte également c'est que le cheval lise la vache et entre dans son stop dès que le veau s'arrête. Il doit garder la tête du veau dans son épaule et se tenir prêt à stopper dès que le veau s'arrête.
Se placer en équilibre
Une fois qu'il a stoppé, le cheval doit impérativement être en équilibre avant de tourner. C'est la responsabilité du cavalier de sentir si c'est bien le cas et de corriger la moindre erreur. Scott ne laisse jamais tourner un cheval si celui-ci n'est pas parfaitement placé en équilibre. Pour qu'un cheval soit en équilibre, il faut qu'il respecte 4 critères avant de tourner : il doit être rassemblé, avoir le nez à l'intérieur, l'épaule intérieure levée et enfin avoir la cage thoracique rentrée. C'est au cavalier d'utiliser son ressenti pour savoir et comprendre comment son cheval se déplace. Il doit dès le stop terminé ressentir si l'équilibre de son cheval est correct et si ce n'est pas le cas c'est sa responsabilité de corriger cet équilibre.

En gros, le cavalier va exiger deux mouvements de la part du cheval avant de le laisser tourner. Le cheval doit d'abord reporter son poids vers l'arrière et prendre appui sur ses jarrets. C'est ce que Scott appelle rester dans le sol et tenir le stop. Il demande donc un pas ou deux de recul, par exemple en reprenant une ou deux fois gentiment les rênes pour attirer le cheval vers l'arrière. Quasi en même temps, il le place pour tourner. Il lève donc l'épaule intérieur avec sa rêne et sa jambe intérieure et bloque la hanche sous le cheval avec la jambe extérieure. Tant que le cheval n'a pas son corps dans la bonne position, il ne faut jamais le laisser tourner. Poussé par sa peur de perdre la vache ou son envie de la battre, il peut chercher à précipiter son roll back et négliger ce placement. Il peut tomber sur épaule ou sortir sa hanche ou encore refuser de se rassemblé. C'est au cavalier de toujours prendre le temps d'obtenir un placement correct. Peu importe les outils ou les techniques utilisées par le cavalier, ce qui compte c'est de ressentir l'équilibre du cheval et les éventuels défauts. Le cavalier doit utiliser ses compétences de cavalier pour comprendre et analyser la façon dont son cheval exécute chaque mouvement. C'est certainement ce qui demande le plus de pratique.
Tourner
Une fois le cheval bien équilibre, il doit lire la vache. Le cavalier doit exiger une préparation correcte mais une fois l'équilibre atteint il doit laisser le cheval lire la vache et décrypter son mouvement. Le cheval doit tourner quand la vache a déjà amorcé son demi tour et qu'elle se situe environ dans l'épaule du cheval. A ce stade, le cheval est sûr de sa direction et donc il peut profiter de son équilibre pour tourner. Tout le secret du Cutting et de la méthode de Scott c'est de demander au cheval de tourner doucement et non de se précipiter. La prise d'équilibre permet au cheval de mettre en place un roll back efficace. Il n'a donc pas besoin de précipiter son demi tour. La prise d'équilibre correcte garantit l'abensce de défaut dans le demi tour comme tourner avec l'épaule en avant, se jetter en avant, tourner trop vite ou appuyer la cage thoracique contre la jambe côté vache.

Le rôle du cavalier n'est pas de pousser son cheval dans le roll back. Il doit au contraire le ralentir sans jamais pour autant écarter sa tête du veau, surtout s'il monte à deux mains. Il doit cependant veiller à ce que le cheval complète bien son roll back. Il utilisera donc sa jambe côté vache une fois la moitié du roll back passée pour que le cheval s'enroule autour et rentre sa cage thoracique. Il ne doit surtout jamais s'appuyer ou pousser contre cette jambe. Enfin, il faut veiller à ne pas exagérer le roll back. Le cheval ne doit jamais dépasser les 180 °, il doit au contraire repartir bien droit de l'autre côté. Avant la fin du roll back, le cavalier doit donc utiliser sa jambe extérieure pour tenir le cheval et lui redonner de une légère impulsion. Le cheval, jusque là toujours bien en appui sur ses jarrets, doit donc à la fin du roll back repartir vers l'avant et retrouver de l'impulsion.
Voyager avec la vache
Une fois l'impulsion reprise, le cheval doit terminer avec la dernière étape c'est à dire voyager avec la vache. Le cavalier doit être attentif à deux éléments : premièrement rester en bonne position, c'est à dire placer la tête de la vache au niveau de l'épaule du cheval, et deuxièmement tenir sa ligne c'est à dire aller bien droit. Une fois sorti du roll back, le cavalier doit donc utiliser ses jambes par pression pour envoyer le cheval avec la vache. Si le cheval cherche à fuir le veau, à s'écarter de lui, il faut utiliser sa jambe côté troupeau pour l'envoyer plus droit. S'il est trop court, il faut donner des jambes pour revenir dans la bonne position : la tête du veau dans l'épaule du cheval.

Une fois en bonne position, c'est au cavalier de lire la vache et de sentir quand celle-ci va s'arrêter. Alors le cheval la stoppe et les 4 étapes repartent. Le challenge ici pour le cavalier c'est de trouver son stop. C'est à dire de travailler son timing et sa lecture des vaches pour passer de l'accompagnement avec les jambes au stop où il doit retirer les jambes et s'asseoir.
Travailler la fluidité et le timing
Une fois les 4 étapes bien en place, il faut travailler leur enchaînement et essayer de donner de la fluidité aux mouvements. Chaque correction du cavalier doit être rapide et précise pour ne pas trop déconnecter le cheval du veau. Si le cheval résiste, on oublie alors le veau et on corrige jusqu'à obtenir un mouvement ou un placement correct. Sur le veau mécanique, Scott conseille de ralentir au maximum les chevaux. Leur instinct les pousse à battre les veaux, il faut donc les inciter à prendre le temps de se placer et de tourner correctement.

On peut voyager vite mais on doit prendre le temps de stopper, de tenir ce stop, de se placer et de tourner doucement. Scott lui même reconnaît que quand il était jeune et qu'il observait de grands entraîneurs, il rentrait chez lui frustré car il ne parvenait pas à reproduire leur équitation une fois à la maison. Le but ici est d'expliquer sa méthode et ses techniques. Après c'est à chacun d'en tirer l'essence et d'appliquer les principaux concepts à son niveau d'équitation et aux qualités physiques, mentales et techniques de son cheval. Le but des 4 étapes c'est de décomposer le mouvement pour aider chaque cavalier à bien comprendre ce qu'il se passe. C'est un plan, une direction à suivre que chacun d'entre nous peut s'entraîner à pratiquer et à maîtriser. Son grand intérêt c'est de pousser chaque cavalier à développer et à renforcer son équitation et le dressage de son cheval.