3 sept. 2009

Développer le cow-sens


Entre instinct et dressage

Laisser un poulain devenir un cheval de vaches avant d'en faire un cheval de show est la base du programme de Casey Morris, entraîneur de Cutting à Weatherford. Un cheval de Cutting naît pour travailler des vaches et il doit savoir instinctivement comment se comporter face à une vache dans une arène de show. Mais ce n'est pas toujours le cas. Quelques problèmes, initiés par le cavalier ou bien le cheval, peuvent faire surface et il faut se préparer à les résoudre par l'entraînement. "Si vous apprenez à vos chevaux à lire les vaches, en utilisant leur instinct naturel, ils vous couvriront en cas d'erreur dans l'arène de show car ils sauront comment s'en sortir. Si c'est eux qui commettent un erreur et que vous les avez suffisamment dressé, alors c'est vous qui les aiderez à s'en sortir" explique Casey Morris.


"Vous ne pourrez renforcer le cow-sens d'aucun cheval. Ce qui est là est là et ce qui n'y est pas n'y sera jamais quoi que vous puissiez faire. Dieu donne à chaque cheval une intelligence, des capacités athlétiques ou un cow-sens et nous ne pouvons rien faire d'autre face à ce que la nature a construit que d'aider les chevaux à exploiter tout cela au mieux"précise Casey. Il n'hésitera pas à encourager un cheval qui n'est pas naturellement intéressé par les vaches à le devenir en usant un principe très simple : le principe de cause à effet.

Chaque action entraîne une réaction

"Montez vers la vache, laissez là bouger et ensuite laisser le cheval la suivre" détaille Casey Morris, "Laissez le cheval suivre la vache tout le temps sans le reprendre trop fréquemment et la plupart du temps ils vont commencer à s'intéresser à cette vache et chercher à la tenir". Si la vache s'immobilise à nouveau et ne semble pas vouloir repartir, dirigez le cheval vers son épaule et avancez de plusieurs pas droit sur elle pour la pousser à repartir. Quand elle choisit dans quelle direction elle allait s'enfuir, suivez là à nouveau. Veillez à exécuter un demi tour aussi propre que possible tout en s'assurant de ne pas distraire le cheval et ne pas écarter son attention de la vache. Le cavalier doit durant un demi tour intervenir le moins possible pour laisser le cheval se concentrer sur la vache et sur son déplacement. Si le cheval est trop centré sur le cavalier, il ne pourra pas lire la vache.


Casey Morris utilise le déplacement de la vache pour "tirer" son cheval dans le demi tour. Il utilise en priorité ses mains avant ses pieds pour pousser le cheval à bien regarder la vache. Cela l'aide à relier son mouvement à celui de la vache et le pousse à utiliser son cow-sens. "La tête conduit le cheval, c'est elle qui donne la direction de façon mécanique mais c'est aussi en utilisant sa tête que le cheval sait quand et comment tourner" explique Casey. "Une fois que la vache m'a donné une direction, j'amène la tête du cheval dans le demi tour avec mes mains. Si la vache tourne à gauche, j'utilise ma main gauche pour attirer le nez du cheval de ce coté là. Je m'assure toujours que le cheval donne sa tête avant de déplacer son corps. Si le nez ne vient pas, ça ne sert à rien de tourner car le cheval ne peut pas lire la vache. Tourner le nez en premier aide à rendre la transition entre le stop et le demi tour plus fluide.

Calme et avec méthode

Après 120 jours de travail, le cheval devrait bouger quand la vache bouge et travailler la vache de lui même. A ce stade le cheval ne sera pas parfait dans ses stops et dans ses demi tours. Mais le mouvement est déjà initié par la vache. Le cavalier devra bien sûr parfois aider le cheval, surtout si la vache est rapide. "Si la vache démarre et que vous démarrez puis qu'elle stoppe et tourne très rapidement, je ne leur demande pas de se coucher par terre et de stopper de façon parfaite" dit Casey Morris de ses élèves. "Je veux juste qu'ils s'arrêtent, qu'ils tournent et qu'ils repartent chercher la vache. Si le cheval est plus lent que le vache, ce n'est pas la peine de le pousser à rattraper la vache. Du moment que le cheval tourne avec la vache, c'est bon. Il doit compléter un demi tour bien propre avant d'aller stopper à nouveau la vache de façon directe et fluide. Je ne veux surtout pas qu'ils sautent partout". Si la vache est loi du cheval et ne lui impose aucune pression, vous pouvez accélérer ou ralentir pour revenir en position et être prêt pour le prochain stop. Casey conseille de ne jamais poursuivre la vache, si ça va trop vite stoppez, tournez proprement et allez chercher une autre vache.


Il est important aussi de savoir présenter aux poulains les bonnes vaches au bon moment. Utilisez par exemple une vache qui court le long du round pen pour aider un cheval qui a du mal à suivre constamment la vache. Si la vache longe la clôture de façon contrôlée cela donnera du temps au cheval pour se détendre et comprendre ce qu'il doit faire. Quand il sera facile et fluide, stoppez le. Ne poursuivez pas une vache autour de l'arène durant trop longtemps. Casey Morris n'utilise pas des vaches fraîches mais des vaches qui offrent quand même un challenge respectable et qui sont enclines à aider ses jeunes chevaux à développer leur intérêt pour le bétail. Du bétail "intelligent" aidera bien souvent le cavalier à donner les bons réflexes au cheval. Travailler en cercle dans une arène carrée poussera le cheval à penser à contrôler la vache et à tenir une ligne. Inversement, dans une arène ronde Morris travaille sur des lignes pour apprendre au cheval à aller stopper la vache. "Les lignes droites font les chevaux de bétail car leur job c'est de contrôler une vache et de la stopper. C'est en plus bien plus facile ensuite dans une arène de show" explique Casey qui utilise parfois aussi le veau mécanique. Cela l'aide à rassembler le cheval et à corriger ses stops et ses demi tours. Mais on ne peut jamais l'utiliser pour apprendre à un cheval comment travailler une vache. Le cow sens ne peut s'exprimer que sur du vrai bétail.

De bons aides et de bonnes vaches

Casey Morris a passé ses premières années comme entraîneur sans personne pour lui faire turnback. Il recommande à tous ceux qui veulent travailler en solo d'être très patients. "Vous pouvez apprendre aux chevaux plein de mauvaises habitudes en cherchant à précipiter ou à forcer les vache à travailler. Si une vache refuse de travailler, cela sera très compliqué. Vous devez en changer. Vous ne pourrez jamais obliger une vache à exécuter tel ou tel mouvement. Donc ne vous mettez pas dans la difficulté en cherchant à travailler des vaches qui ne veulent faire ce que vous voulez.


Une vache bouge en général quand vous allez vers elle, mais si vous vous approchez à moins d'un mètre d'elle et qu'elle reste toujours immobile, elle ne bougera certainement pas. Si quelqu'un est là pour vous aider, il pourra la pousser à votre place et l'obliger à bouger. Votre aide n'a pas besoin de travailler en permanence durant toute la séance. Mais il doit avancer sur une vache qui refuse de bouger. Utilisez votre aide chaque fois que vous risquez d'être pris dans une situation inconfortable avec votre jeune cheval. Ne l'obligez pas à avancer à quelques centimètres d'une vache par exemple car il sera forcément pris de vitesse et apprendra à se précipiter. Votre aide est là pour bouger la vache quand celle-ci ne réagit pas à votre cheval. Ainsi le jeune cheval ne perd pas de vue un principe essentiel : chacune de ses actions entraîne une réaction de la part de la vache. Avec le temps son cow-sens lui permettra d'utiliser avec intelligence ce principe pour contrôler n'importe quelle vache.