Bremen : 1 000 kilomètres et 12 heures de routes dans la joie et la bonne humeur
Répondre à la question comment réussir son début de saison est très complexe. Il faut arriver prêt physiquement, pas forcément le plus compliqué, techniquement et enfin mentalement. Savoir comment le rater est beaucoup plus simple. Il suffit de se rendre au Bremen 2009 Sport Pferde Festival. Sorte de salon du cheval version allemande, ce concours promettait beaucoup. Approuvé par la NCHA USA, $ 2 000 en Added Money dans les deux classes Open et Non Pro, un gros salon organisé dans l'impressionnant AWD-Dome en plein centre de Brême. Bref un gros show dont nous attendions beaucoup.

Certes c'est à 1 000 kilomètres et il faudra passer la journée dans la voiture, dont quasiment la moitié sur les luxueuses autoroutes belges et leurs célèbres toilettes payantes mais on est quand même très enthousiastes. Le Cutting reprend et on a forcément des fourmis dans les jambes. On espère lancer notre saison sur de bons rails et surtout on est impatients de rentrer à nouveau dans les vaches après la coupure hivernale.
Ca commence plutôt mal
Arriver de nuit à une heure du matin ce n'est jamais simple c'est sûr. Mais nos amis allemands nous ont habitué, avec Americana notamment, à une organisation millimétrée. Certes, c'est parfois un peu usant de montrer son bracelet jaune au même agent de sécurité pour la 40ème fois, surtout quand on a les bras chargé d'une selle, d'un tapis et d'une bride ou qu'on vient de se lèver à 3 heures du matin pour aller monter au practice, expériences maintes fois vécues. Mais tout est souvent bien carré, pas de place à l'improvisation dans une grosse machine qui assure un show sans accroc. A peine descendus de la voiture à Bremen on comprend que pour une fois ce ne sera pas vraiment une organisation à l'allemande et c'est pas bon signe.

On entre et on sort surtout comme dans un moulin, on trouve son box et on le prépare tout seul ou grâce à l'intervention chanceuse d'un bon samaritain. Quand on a roulé toute la journée, forcément ça finit un peu par taper sur les nerfs de mettre une heure pour installer les chevaux quand ça peut prendre 10 minutes. Les moyens sont pourtant là avec des boxes chauffés mais on est d'emblée loin d'un show millimétré. Tout ça n'est pas bien grave, une bonne nuit de sommeil et on sera d'attaque le lendemain soir pour défier nos premières vaches de la saison.
Embrouilles, embrouilles
Dès le lendemain matin, nos amis de la sécurité sont en pleine forme après une bonne nuit de sommeil. Il ne faut pas se garer là mais plutôt là, il faut présenter son bracelet qu'on ne peut malheureusement obtenir qu'en allant au show office fermé jusqu'à 15 heures, il faut surtout être très patient d'autant que certains semblent faire beaucoup de zèle pour pas grand chose. On se détend en regardant le CSO avec un passage formidable signé l'inimitable "Cliff" qui semble n'avoir pas tout compris et traverse littéralement les trois premiers obstacles. Un farceur ce "Cliff" et un bon moment de rigolade. Là où on rigole déjà beaucoup moins c'est quand le show office ouvre enfin. Tout se passe bien au début et avant de partir on demande juste à quelle heure aura lieu l'épreuve Non Pro. Gros malaise dans le bureau où on nous annonce qu'elle est annulée faute d'inscrit. Pourtant ce sont bien nos trois inscriptions, avec le chèque qui va avec, qui nous ont conduit à faire 1 000 kilomètres. On discute un peu mais très vite ça prend une mauvaise tournure.

Après une heure d'attente et beaucoup de discussions, dont un coup de fil à la NCHA USA qui a vite recadré les choses, ca s'arrange un peu. Il y aura finalement bien une classe Non Pro avec les $ 2 000 promis. Gros problème quand même : il n'y a que 25 vaches. L'organisateur, qui a refusé pour son show l'aide de la NCHA Allemande pensant savoir ce qu'il avait à faire, promet une trentaine de vaches pour les 12 inscrits en Open plus les inscrits de la classe Non Pro. On est loin des 2,5 vaches par cavalier recommandées par la NCHA mais on accepte un seul bunch pour arranger les choses. Ca s'annonce quand même très mal. Encore heureux que le show soit NCHA approved, c'est la seule chose qui a obligé l'organisateur à respecter, certes avec un peu de mauvaise volonté, ses engagements initiaux. Reste plus qu'à se calmer devant le Reining mais bon on est là pour s'amuser après tout et on aura peut être une bonne surprise.
Leaving the working area before time expires
Minuit, le Cutting va enfin commencer avec 3 ou 4 heures de retard. Encore une fois c'est pas l'idéal mais bon les gros salons c'est toujours comme ça et puis force est de reconnaître que l'organisateur semble aussi essayer d'y mettre du sien. Les barrières sont mises en place dans la super arène du AWD-Dome, un bulldozer ajoute du sable, malheureusement bien trop peu, deux tracteurs passent la herse et le camion des vaches arrive. C'est à ce moment là que les choses ont vraiment dérapé et d'ailleurs notre gentil organisateur en profite pour s'éclipser ce qui n'est jamais un bon signe. La NCHA a publié un DVD pour apprendre à repérer les bonnes vaches. Bremen pourra en éditer pour repérer du premier coup d'oeil les mauvaises. Boueuses, têtes basses, trop agées, fatiguées dès la descente du camion ça sent la poudre d'autant qu'au lieu de la trentaine de vaches annoncées il y en a à peine plus de 20. Chargé de préparer le troupeau, je comprends très vite que ça va être la guerre. Le bétail a attendu deux heures dans un camion au sein d'un hall surchauffé le long de la carrière d'échauffement. Les vaches sont fatiguées et elles débarquent dans une arène avec de la lumière, du public et des chevaux. Malgré une bonne demi heure de herd settling rien n'y fait. Elles sont très difficiles à séparer, peu réactives et ne respectent pas les chevaux. Un cocktail que tout le monde pressent explosif d'autant que je mettrais bien ma main à couper que ce bétail a déjà joué en Cutting ou en Team Penning. De quoi l'avoir très mauvaise quand on paye 70 euros de Cattle Charge pour 2 minutes 30.

Ca ne rate pas, le spectacle proposé est affligeant et tout le monde y perd. Les cutters dégouttent leurs chevaux sur du bétail incontrôlable, le public est déçu par un simulacre de Cutting et le juge est quasiment obligé de mettre 60 à tout le monde. Jurgen Doering gagne les deux classes avec son formidable KISS MY CAT avec des scores de 68 et 66 points mais c'est vraiment dans la douleur. Sur les 20 passages, il y a en fin de compte 2 scores de zéro, 11 scores de 60, un 61, un 62, un 64, un 66 et un 68. Honteux aussi bien pour le public que pour les concurrents. De notre côté c'est l'horreur dans nos 6 runs que les chiffres traduisent bien: 0, 0, 60, 60, 60 et 62 pour faire bonne mesure. Pas une seule seconde de plaisir et un vrai sentiment de s'être fait avoir dans les grandes largeurs.
Grosse déception et pas mal de questions
Au final ce show a été un raté sur toute la ligne et on en ressort tous très frustrés. La NCHA of Germany n'y est pour rien dans la mesure où elle n'était absolument pas impliquée dans ce concours. Il y a des supers shows en Allemagne dont ceux organisés à Marl chez Jurgen Doering où à Aachen lors des championnats d'Allemagne de Cutting l'année passée mais une chose est sûre on ne remettra jamais les pieds à Brême. Organiser un concours n'est pas une sinécure tout ceux qui y ont déjà participé le savent. Ce sont d'ailleurs souvent ceux qui n'ont jamais rien fait qui sont les plus critiques. Comme beaucoup de cutters ne respectent pas les deadlines, c'est souvent très dur de prévoir le bon nombre de vaches. Aller sur un concours c'est aussi toujours une découverte. On paye pour apprendre. Des fois on est décus par les installations où l'organisation mais ce n'est pas bien grave. Chaque organisateur fait de son mieux et si vraiment on est pas satisfait on ne revient pas l'année d'après et il n'y a pas de quoi s'énerver. S'en prendre à l'organisateur est stupide et ça ne sert à rien car tirer sur l'ambulance est toujours facile. On vient voir et si on aime pas on en reste là. Mais une chose ne peut pas être tolérée c'est la mauvaise foi voir même la malhonnêteté. Quand on fait 2 000 bornes aller et retour la moindre des choses c'est de ne pas être pris pour des idiots.

La NCHA USA est une garantie pour tous les cutters, que nous payons d'ailleurs à bon prix en donnant 6 % des entry fees, et ce qu'on a vu à Bremen ne peut pas être des classes NCHA Approved. Puisque la NCHA exige les videos, j'espère que pour une fois elle les regardera car ce qu'elle y découvrira lui donnera matière à réfléchir. Organiser un show sur un gros salon est un vrai défi car souvent si les moyens sont là, les compétences et le savoir faire manquent à l'appel dans un sport aussi compliqué que le Cutting. Finalement, une fois la colère passée, il y a une seule leçon à tirer de tout ça et ce sera le seul point positif de cette mascarade. Même en NCHA Approved on ne doit compter que sur nous même. C'est à nous de compter les vaches et d'exiger leur remplacement si elles s'avèrent aussi médiocres après le herd settling. A trop vouloir être conciliants et optimistes nous sommes toujours les dindons de la farce. Se tromper une fois c'est le prix à payer pour apprendre. Dont acte, mais il n'y aura pas de deuxième fois car des shows comme ça c'est très mal payé pour récompenser la passion de la majorité des cutters qui étaient présents et qui sont tous repartis très en colère en Allemagne, en Belgique, aux Pays-Bas ou en France. La saison 2009 débute à peine et on tire déjà la langue, n'est-ce pas Mr Mini Choice, mais ça ira mieux la prochaine fois c'est sûr !