Le Cutting : un sport exigeant pour tous les protagonistes
Cela ne fait pas le moindre doute. Le Cutting est un sport exigeant. On pourrait écrire des pages entières sur les qualités physiques et mentales que ce sport requiert chez les cavaliers et les chevaux. Mais quant est il du troisième membre de l'équitation ? Quant est il du bétail ? Selon des hommes de chevaux, des hommes de bétail reconnus ou même encore des chercheurs, le Cutting n'a pas pas un effet négatif sur le bétail, bien au contraire. Depuis la nuit des temps, le débat fait rage entre les cutters qui comptent sur le bétail pour pratiquer leur sport favori et les propriétaires de cheptels qui craignent de soumettre leur bétail à l'épreuve du Cutting. Depuis ces dernières années, les relations se sont apaisées quand les propriétaires de vaches ont compris quels bénéfices ils pouvaient tirer de la location de leur vaches pour leurs finances mais aussi pour leur troupeau lui même.

Des veaux beaucoup plus dociles
Quand vous parlez de bétail avec des agriculteurs qui louent leurs vaches, tous vous diront que le premier intérêt du Cutting avant de rapporter un revenu supplémentaire c'est d'améliorer le comportement des veaux. Le bétail qui a été utilisé pour le Cutting est toujours plus docile, plus facile à manier et moins craintif quand il découvre un nouvel environnement. Ross Jenkins, Président de la PCCHA en Californie et manager d'un Ranch, a été convaincu de longue date par les traits de caractère que le Cutting enseigne au bétail : "Cela apprend au bétail à rester bien ensemble et à ne pas s'éparpiller. Cela les rend bien plus dociles. Je connais pleins d'agriculteurs qui veulent envoyer leurs génisses chez des cutters car ces génisses vont devenir ensuite des vaches et il est important qu'elles apprennent très tôt à se comporter bien en troupeau. Cela apprend en gros au bétail à moins paniquer et à moins s'effaroucher pour n'importe quoi. J'ai constaté de mes yeux que ça marche".

Pour pratiquer le Cutting, le bétail est déplacé plus souvent que s'il reste dans sa pâture. Il apprend à passer dans des corridors, des portes, à entrer dans des parcs, à embarquer dans des camions et à se laisser convoyer bien plus souvent et bien plus facilement. Qu'il s'agisse de veaux qu'on engraisse ou de génisses qui seront de futures mères, l'agriculteur récupérera un bétail bien plus facile à gérer et à manier tous les jours : "Ils savent rester bien groupés, ils savent se laisser canaliser bien plus facilement sans paniquer ou s'agiter. Vous pouvez les déplacer, les parquer dans un enclos, les manipuler".
Un bétail moins stressé
Selon Bill Riddle, entraîneur de Cutting et éleveur de vaches : "L'énorme avantage c'est qu'ils apprennent à être maniés. Cela les rend 3 fois plus faciles à manier que du bétail qui n'a jamais travaillé. C'est bien moins dangereux pour tout le monde, y compris le bétail". Le Cutting aide aussi le bétail à gérer les situations de stress. Confonté à un nouvel environnement, la plupart du bétail mettra plusieurs jours à s'adapter. Il mangera moins bien pendant quelque temps avant de s'habituer. Gary Bellenfant, qui utilise beaucoup de vaches pour entraîner ses chevaux chaque année, a vu ce problème disparaître chez le bétail qui a travaillé avec les chevaux : "Chez nous, le bétail qui repart chez les éleveurs est beaucoup plus calme. Ils descendent du camion et vont direct vers les râteliers ou les mangeoires. Ils se soucient beaucoup moins de leur environnement et paraissent bien moins stressés".

Un bétail en bonne forme
Récupérer des vaches bien dans leur tête est une chose, mais la vraie question que se posent nombre d'agriculteurs c'est de savoir si leurs vaches vont maigrir en travaillant. La plupart des vaches qu'on utilise en Cutting proviennent de races à viande. Chez ces vaches là, le poids est un facteur très important. A première vue, il est tentant de penser que le Cutting, tout comme n'importe quel type d'exercice physique, fera perdre du poids au bétail et altérera sa condition. Mais à bien y regarder, le Cutting demande au bétail un effort physique bien plus faible que dans d'autres sports comme le Team Penning par exemple.

Bill Riddle le confirme à propos des vaches qu'il utilise pour entraîner ses chevaux chez lui : "Quand on travaille avec le bétail, on utilise un groupe de 15 ou 20 vaches pendant environ une demi heure. Chaque vache travaillera au maximum 2 à 3 minutes". Selon lui le Cutting n'altère en rien la condition physique du bétail. Au contraire, en lui offrant quelques minutes d'exercice physique chaque jour, il le maintient en excellente forme. Il a constaté que le bétail qui travaille a tendance à gagner du poids : "Chaque fois que je travaille des vaches, elles se mettent à manger plus et donc elles gagnent en condition. Invariablement, quand on commence à les travailler, ils mangent mieux et donc se portent mieux".
Des études scientifiques le prouve
L'ingénieur agronome Jim Pumphrey a réalisé une étude en 1995 pour la Fondation Noble d'Ardmore en Oklahoma. Il a divisé un troupeau de 100 génisses en deux groupes de 50. Un a été laissé dans sa pâture et l'autre a été utilisé par des cutters durant 15 jours. Le bétail du second groupe a été utilisé par lots de 10 en moyenne 30 minutes par jour durant 5 jours par semaine. Selon ses résultats, le bétail ayant travaillé a gagné en moyenne 20 % de poids en plus que celui qui est resté dans sa pâture. Après ces 15 premiers jours, les deux groupes ont échangés leur rôle pour les 15 jours suivants. A nouveau, le groupe qui a travaillé a gagné plus de poids.

Selon Bill Riddle, cette vérité est connue depuis très longtemps mais l'étude scientifique l'a juste confirmée et a permis d'en saisir l'importance. Le bétail qui travaille se porte mieux, il mange mieux et il est en meilleure condition physique. En veillant à ne pas travailler le bétail trop longtemps ou sous de trop fortes températures, il est facile de rendre aux agriculteurs des veaux au top de leur forme. Tout le monde est gagnant car en plus le bétail en ressort bien plus facile à gérer. Gary Bellenfant confirme que quand il a fini de travailler avec un groupe de veaux, la première chose qu'ils font quand ils rentrent dans leur pâture c'est de boire et de manger.
Les concours n'affectent pas le bétail
Sur les concours, les veaux restent moins longtemps donc les effets sur la condition physique ou le comportement sont différents de ceux qu'on constate sur des veaux utilisés pour entraîner des chevaux. En fait, sur un concours les veaux vont avoir tendance à perdre un peu de poids. Ils perdent un peu d'eau et un peu de poids mais en 24 h ils reviennent à leur poids normal. Il serait faux de dire que sur un concours ils gagnent une meilleure condition. Mais si on s'en occupe bien, l'effet sur leur forme et leur condition est nul après une journée de repos. Même en concours, les veaux ne travaillent pas assez longtemps pour vraiment perdre du poids. Le transport et l'attente les fatiguent un peu c'est sûr mais les quelques minutes de travail n'ont aucun effet réel sur leur condition physique à long terme. Les veaux sont nourris et abreuvés sur les concours. Si on les gère bien, ils regagnent en quelques heures le poids qu'ils ont perdu en transpirant. De bonnes conditions d'acceuil, principalement repos dans un parc avec eau et nourriture ainsi que des infrastructures bien adaptées, garantissent un stress limité.

L'intérêt pour un agriculteur de louer ses veaux pour un concours est donc avant tout économique. Ce n'est pas négligeable, loin s'ne faut. Dans la mesure où ses veaux ne perdent pas de poids et sont gérés avec sérieux, c'est l'occasion de générer un revenu supplémentaire sans risque. Bill Riddle l'explique bien : "J'ai toujours reconnu que du moment où un veau arrive pour un concours au moment où il repart, il ne va pas gagner de poids. Mais il n'en perd pas non plus. Après un jour ou deux, ils sont en pleine forme pour reprendre leur croissance. Certes, l'éleveur peut se dire que ses veaux auraient pu gagner un peu plus de poids s'ils étaient restés chez lui. Mais combien cela lui a t'il rapporté de le louer pour le concours ? Il s'y retrouve forcément et le sérieux des organisateurs du concours lui assure de retrouver un bétail en très bonne forme. Si on paye un prix correct, disons 15 ou 20 euros par vache, ça compensera toujours et cela laisse un bon revenu pour l'agriculteur. Chacun y trouve son compte". Un bétail plus calme et plus docile, un bétail en meilleure forme et un revenu supplémentaire, voilà tout ce que le Cutting peut apporter à un agriculteur qui confie ses vaches à des cutters pour s'entraîner ou organiser un concours. Charge à eux d'être suffisamment sérieux pour ne pas trahir cette confiance car les meilleurs accords et les plus durables sont ceux où chacun y trouve son compte.