Le Cutting c'est sans les mains
L'entraîneur australien Aaron Weathly explique comment mettre l'accent sur l'utilisation des jambes chez le cavalier de Cutting apprend aux chevaux à être plus rapides, propres et intelligents sur les veaux. Dans le Cutting, un sport qui se caractérise par le cow-sens des chevaux et les rênes lâches des cavaliers, un cheval s'appuie principalement sur sa propre intelligence et sur une légère aide des jambes de son cavalier quand c'est nécessaire. Tenir une vache signifie lire ses mouvements, rester en bonne position vis à vis d'elle en stoppant fort et en tournant rapidement pour l'empêcher de retourner dans le troupeau. Si les choses deviennent difficiles, le cavalier ne peut reprendre ses rênes sans risquer une pénalité : "Nous ne pouvons utiliser nos rênes. Nous devons être capables de monter avec nos jambes. Un cheval de Cutting doit être suffisamment dressé pour accepter ces jambes". Aaron Weathly, reconnu comme cavalier membre du Hall of Fame de la NCHA australienne et aujourd'hui installé au Texas, insiste sur l'usage des jambes dans son programme d'entraînement.

C'est bien plus qu'un simple style selon lui. C'est une philosophie qui guide tout son travail avec les chevaux. Il explique les mollets d'un cavalier sont la clef pour garder un cheval propre, en bonne position, vif et concentré sur une vache. Ainsi, Aaron souhaite que ses jambes soient ses aides prioritaires quand il entraîne un cheval. "Mon idée c'est les jambes d'abord, les mains ensuite. Je pense que nous prenons l'habitude d'utiliser nos mains trop souvent parce que c'est plus facile. Nous oublions de penser à nos jambes. J'essaye toujours de penser à utiliser mes jambes en premier et ensuite à éventuellement utiliser mes mains en soutien". Cela prend plus de temps et de travail pour qu'un cheval accepte les jambes de son cavalier. Weathly a commencé à mettre l'accent sur ses jambes quand il a travaillé avec Kathy Daughn. Il s'est aperçu que ses chevaux effectuaient mieux les manoeuvres avec cette méthode mais aussi qu'ils étaient bien plus intenses une fois face aux veaux. "La plus grande leçon que j'ai appris de Kathy a été d'aimanter mes chevaux aux vaches grâce à mes jambes. En compétition, nos jambes sont tout ce que nous pouvons utiliser pour rester en rythme avec le veau, aider le cheval à être à l'aise ou le pousser à aller plus vite. Relier le cheval au veau grâce à ses jambes est donc capital. Quand vous en êtes capables, vous faîtes un vrai bond en avant".

Aaron Weathly ne cherche pas à dicter les mouvements du cheval avec ses jambes. Il veut que le cheval lise et travaille la vache de lui même. Les jambes du cavalier ne sont là que pour affiner les mouvements. Il explique qu'en utilisant ses jambes plutôt que ses mains, on obtient des chevaux qui sont mieux connectés aux vaches. La philosophie de Kathy Daughn est que les chevaux doivent être toujours très attentifs à ce qu'ils font. Ils doivent penser à la vache qu'ils travaillent. "J'aime que mes chevaux pensent par eux mêmes mais ils doivent être assez disciplinés pour écouter ce que je leur demande. Ils ne sont pas aux boutons, je n'ai pas toujours à leur dire de faire ceci ou cela. Je veux qu'ils aient suffisamment d'initiative pour faire leur job. Utiliser ses jambes permet à Aaron de contrôler tout le corps de ses chevaux et pas seulement leur tête ou leur encolure. De plus, cela permet d'appliquer plus efficacement le principe de pression et de relâchement. Ainsi les chevaux comprennent mieux leur job qui est de toujours resté bien centré par rapport au veau.
Se concentrer sur les jambes
Bien que le principe de pression et de relâchement soit assez basique (Appliquer une pression et la relâcher dès que le cheval répond correctement) Weathly explique que son programme a franchi un cap quand il a compris comment appliquer ce principe de façon plus rigoureuse avec ses jambes. Exercer une pression et la relâcher quand le cheval cède, c'est la base de tout entraînement. Entraîner un cheval sur les vaches revient à le mettre sous pression tant qu'il n'est pas en bonne position par rapport au veau, bien centré sur lui. Alors on libère cette pression et il apprend que c'est plus confortable pour lui quand il est dans la bonne position par rapport au veau. Il apprend peu à peu qu'être dans la bonne position est une bonne chose pour lui. Vous pouvez reconnecter votre cheval avec le veau grâce aux jambes. S'il se met hors position, il va chercher à faire retomber la pression en revenant sur cette vache et dans la bonne position. "Si vous lui apprenez cela, votre cheval va progresser et acquérir de la confiance dans ce qu'il fait et dans ce que vous lui demandez. Quand un cheval est lent ou qu'il n'est pas dans le rythme, nous allons le pousser avec nos jambes. De façon à ce qu'il recherche à nouveau le relâchement et qu'il revienne le plus rapidement possible dans la bonne position.

Dans les premiers moments du dressage, Aaron Weathly s'assure que ses chevaux comprennent que la bonne position se situe dans la vache, ni devant ni derrière. "Vous pouvez travailler cela sur le veau électrique ou sur des vaches lentes. Laissez le cheval réaliser qu'être dans la vache et penser à elle, c'est ce que nous attendons de lui. Je le laisse alors se relaxer et attendre avec cette vache. Il doit comprendre que c'est là qu'il doit être. Insistez et construisez à partir de cela. A plus haute vitesse le principe sera le même mais le temps de relâchement sera plus court". Aaron monte ses chevaux avec les jambes au contact des flancs : "Plus vous êtes près et plus vous êtes précis et rapides". Il est donc important que le cheval soit habitué et accepte ce contact.

Cela commence bien avant qu'un poulain ne rencontre une vache. Quand on leur apprend à se déplacer, à dérouler un schéma simple (Courir, stopper, attendre, tourner à 180° et repartir), on doit leur apprendre à se plier et à répondre aux jambes. A ce stade, Aaron demande à ses chevaux de céder à ses jambes en le laissant contrôler leur corps et garder leurs déplacements les plus propres possible. Il utilise aussi ses jambes pour les encourager et ajuster leur position par rapport à la vache. Mais il fait bien attention à ne pas atteindre un point où le cheval n'a plus l'initiative des mouvements. Le cheval doit être à l'écoute mais capable de décider seul de ses déplacements. Le cavalier ajuste, il ne dirige pas.
Se connecter au veau
"Je veux un cheval qui réfléchit à ce qu'il fait et non un cheval qu'on doit toujours diriger. Pour qu'un cheval pense à une vache, il doit être responsable de son travail. Mais il doit aussi être à l'aise avec le fait que je joue un rôle en tant que cavalier et que je l'aide quand il en a besoin". Avec le temps, quand la vache bouge Aaron Weathly laisse une chance au cheval de la suivre de lui même. Si le cheval ne réagit pas, le cavalier entre alors en jeu et met de la pression avec ses jambes jusqu'à ce que le cheval revienne dans la bonne position. Alors le cavalier relâche la pression. Si le cheval voyage avec la vache et que celle-ci s'arrête soudainement, Weathly donne à nouveau une chance au cheval de stopper de lui même et de rester dans la bonne position. Si le cheval ne s'arrête pas tout seul, Aaron Weathly le stoppe et applique une pression jusqu'à ce que le cheval revienne en position.

Apprendre au cheval à être responsable de son job signifie le laisser commettre des erreurs. "Ils doivent savoir ce qui est bien et ce qui ne l'est pas. Vous devez leur apprendre, pas les empêcher de se tromper. Par exemple, je ne veux jamais empêcher un cheval de dépasser le veau. Si je l'en empêche, il n'apprend rien. Pour lui apprendre il faut le laisser commettre une erreur et comprendre les conséquences que cela implique. Si vous êtes tout le temps préventifs, que vous le stoppez à chaque fois, il ne comprendra très vite plus pourquoi il doit stopper. Le problème c'est qu'il ne réfléchit plus donc il n'apprend pas. Quand le cheval commet une erreur et se met hors position, Aaron Weathly utilise ses jambes, et ses mains si nécessaire, pour replacer le cheval dans la bonne position. Une fois encore, l'accent est mis sur le relâchement. Il faut enlever la pression et ne pas gêner le cheval et le laisser libre dès qu'il est revenu dans la bonne position. Weathly met de la pression avec ses jambes jusqu'à ce que le cheval soit bien centré avec la vache, alors il relâche la pression et laisse le cheval lire la vache.

Aaron ajoute que piloter le cheval avec les jambes est plus efficace que de lever la main et d'agir sur sa tête. Cela aide le cheval à être plus rapide et plus à l'aise. Une fois qu'il est à l'aise avec les jambes, le cheval est bien plus solide. On laisse sa bouche et sa tête tranquilles et il peut être bien plus concentré sur la vache. "Quand vous l'aidez avec vos mains, le cheval pense plus plus à vous qu'à la vache. Vous voulez que ce soit la vache qui vous tire dans le demi-tour. Au début, vous devez emmener le cheval et lui expliquer ce qu'il doit faire. A ce stade, vous utilisez bien sûr vos mains. Mais j'essaye d'aller très vite au point où je peux utiliser d'avantage mes pieds que mes mains". Au final, Weathly veut pensent plus à leur job qu'à ses mains ou à ses pieds. Ainsi, une fois en show, il sait qu'il peut baisser sa main et que son cheval va lire la vache et rester en bonne position. Arriver à ce stade signifie faire votre propre job et analyser chaque réaction du cheval pour y répondre de façon adéquate. On en revient toujours à la pression et au relâchement. Il faut savoir relâcher et comprendre quand le cheval est à l'aise. Le cheval doit y voir une récompense et la rechercher.
Source : Performance Horse Magazine, Ross Hecox.
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