A qui choisira les meilleures vaches ?
Le dernier numéro du Cutting Horse Chatter propose un article sur une dimension parfois méconnue mais néanmoins cruciale du Cutting : comment choisir les bonnes vaches. Dans le Cutting moderne, le choix des vaches est devenu l'élément clef qui distingue les vainqueurs des battus. Les chevaux et les cavaliers sont tellement forts aujourd'hui, le niveau a progressé à un tel point que l'importance de choisir les bonnes vaches prend tout son sens pour désigner celui qui remportera le trophée. Compter sur des shape cuts ou attendre la dernière vache ne permet même plus d'accéder aux finales. Pour espérer l'emporter, il faut avoir un plan et se présenter dans l'arène en sachant quelles vaches on va trier et pourquoi. Roger Wagner explique que le cattle picking repose sur un savant mélange d'expérience et de savoir faire. Bien sûr, il y a aussi une part de chance qu'on ne peut pas négliger. Il faudra toujours compter avec son tirage au sort, avec les vaches qui sont restées fraîches ou avec celles qui veulent bien rester dans les bons spots et qu'on peut trier facilement. Avec $ 3 millions de gains et 20 ans à shower des chevaux de Cutting, Roger ne compte plus sur la simple chance depuis longtemps. Encore aujourd'hui, il ne rate jamais une préparation de troupeau car il sait depuis longtemps que c'est là que tout se joue. Avec le bétail moderne, toujours plus combatif et imprévisible, une vache rerun finira toujours par valoir au cavalier un miss, un out of position ou un tri raté.

Roger explique que le 1er job du cavalier c'est de connaître le troupeau, de bien identifier chaque vache qui le compose. C'est pour cela que regarder le herd settling est si important. Cela évite de partir dans l'inconnu sans savoir quelles vaches ont été triées. Une situation que Roger Wagner déclare détester. Lors de la préparation du troupeau, à laquelle il assiste toujours, il va donc établir une liste des bonnes vaches potentielles. Il les rayera sur sa liste à mesure qu'elles seront triées par d'autres cutters passant avant lui. Roger explique qu'il va donc lister autant de vaches que possible. Pour chacune d'entre elles, il notera autant de détails que possible de façon à être bien sûr de les reconnaître au premier coup d'oeil. Selon son tirage au sort, sa liste comprendra au minimum 6 à 8 vaches de façon à toujours disposer de plusieurs options même si certaines de ses vaches sont travaillées par d'autres cutters. Le défi ici dans un premier temps ce sera d'être capable de reconnaître les vaches au sein d'un troupeau. Chez nous la tache est d'autant plus complexe que nous disposons de troupeaux la plupart du temps homogènes. Pour des personnes peu habituées à manipuler le bétail, c'est parfois très difficile tant rien ne ressemble plus à une vache qu'une autre vache pour un néophyte. Roger explique que ce sont les détails qui sont les plus importants pour reconnaitre à coup sûr les vaches. Bien plus que la couleur ou la taille, critères génériques et peu fiables, Roger s'attachera à observer la forme des oreilles, des yeux, de la queue, du ventre. Autant de petits détails qui font de chaque vache un individu unique pour qui sait bien les observer.

Le principal intérêt de connaître chaque vache selon Roger Wagner c'est avant tout de pouvoir éliminer les reruns. Il explique en effet qu'il ne cuttera pratiquement jamais une vache qui a déjà été triée. S'il passe dans les derniers, il préférera toujours trier une vache qui ne lui plaisait pas trop au début mais qui est restée fraîche. Bien souvent, elle aura eu le temps de se calmer et sera des fois finalement une assez bonne vache en fin de bunch. Une vache qui a travaillé plusieurs dizaines de seconde ne doit pas être triée de nouveau. Elle imposera tout de suite une trop forte pression au cheval et surtout elle aura vu au moins une fois comment le déborder. Le risque d'être débordé ou piégé par une telle vache est trop important. Bien sûr, s'il passe dernier ou si une vache a été cuttée juste quelques secondes Roger pourra des fois être obligé de se tourner vers une vache rerun. Mais dans ce cas là, il partira dans le troupeau sans plan établi et cherchera avant tout à bien regarder ce qui démarre devant son cheval. Si une vache s'éloigne gentiment de lui alors il saisira le shot et se lancera sur elle même s'il sait que c'est une rerun. Mais ce n'est une option qu'il ne prendra que contraint et forcé et en dernier recours.

Identifier les vaches est déjà un bon début. La seconde étape et la plus compliquée c'est de parvenir à distinguer sur sa liste les bonnes vaches des mauvaises. Si on identifiera chaque vache, il convient à un moment donné de faire une choix et de noter les 6 à 8 vaches que l'on estime les meilleures. Pour se faire, rien ne remplace l'expérience tant il n'y a pas de recette miracle. Il faut observer le herd settling et regarder attentivement comment les vaches réagissent. C'est la seule indication qu'on puisse obtenir et la seule à laquelle on puisse se fier. Roger Wagner va donc rechercher en priorité les vaches qui lors des déplacements du cheval du herd settler stoppent et le regardent. Il évitera les vaches qui fuient ou au contraire celles qui refusent de s'écarter devant le cheval. La bonne vache sera souvent celle qui s'écarte du cheval gentiment puis stoppe dès que celui-ci la dépasse. C'est le signe d'une vache curieuse et respectueuse qui a toutes les chances de mettre en valeur le cheval. Roger s'attardera aussi sur les jolies vaches, celles qui ont l'air en bonne santé. Une vache qui a bien mangé, qui a bu sera en général plus simple à travailler qu'une vache en mauvaise état, maigre, malade ou fatiguée. Celles-ci auront plus tendance à ne pas respecter le cheval.

Roger explique aussi que la race importe beaucoup selon lui. Il priviligiera souvent les vaches issues de croisement avec des Brahmans. On les reconnaît souvent à la forme spécifique de leurs oreilles. Ce sont selon lui des vaches plus attentives, plus respecteuses et plus intelligentes que la moyenne. Il se méfiera en revanche des angus, réputées pour être moins alertes et moins faciles à contrôler car plus imprévisibles. Il note pour conclure qu'il convient aussi de bien connaître son cheval et de choisir des vaches qui matchent bien avec son style. Si le cheval a un gros eye appeal mais qu'il peine à tenir la pression, privilégiez des vaches calmes qui resteront facilement au centre et le mettront en valeur sans le mettre trop en danger. Si au contraire le cheval possède un gros stop, Roger sélectionnera alors des vaches plus sportives qui offriront plus de challenge. Voilà des principes généraux dont chaque cutter peut s'inspirer. Rien ne remplacera néanmoins la pratique et l'expérience. Mais si il n'y a qu'une seule leçon à retirer de tout cela c'est que le cattle picking fait la différence. C'est une évidence aux USA, c'est parfois moins clair chez nous où sur certains shows personne ne regarde les vaches avant la classe. Cela consterne les cutters américains comme Scott Ferguson car selon eux cela revient à se lancer dans le troupeau les yeux bandés.