Décision repoussée à 2010 pour l'AQHA
Lors de la dernière AQHA convention, un forum spécial a été organisé autour de la question très sensible du clonage. Des experts du laboratoire ViaGen, principal acteur du clonage commercial aux USA, des professeurs de génétique, des vétérinaires, des experts juridiques ou des éleveurs sont venus s'expliquer sur le clonage. La question était de savoir si l'AQHA doit autoriser l'inscription des clones au Stud-Book des Quarter Horses. Il y a quelques années, l'AQHA avait adopté la règle 227 qui interdit à tout cheval issu d'un procédé de clonage d'être enregistré comme Quarter Horse. Aujourd'hui, sous la pression d'éleveurs et de propriétaires de chevaux, elle souhaite débattre à nouveau autour de cette question. A l'issue du forum spécial, la décision a été prise de ne prendre pour le moment aucune décision. Le vote devrait en théorie avoir lieu l'année prochaine. En attendant, une task force a été mise en place pour recueillir de nouvelles informations sur le clonage. Elle devrait permettre de collecter des arguments scientifiques, de sonder l'opinion des membres et de mesurer l'impact économique possible pour l'AQHA. Elle devrait aussi permettre de faire patienter des éleveurs qui ne comptent pas en rester là. Reculer pour mieux sauter.
La peur des procès
Pour l'AQHA, le véritable enjeu est de savoir si elle veut se lancer dans d'interminables actions juridiques contre des éleveurs qui considèrent le clonage comme une simple nouvelle technique d'élevage. Au départ opposée aux transferts embryonnaires, l'association avait déjà du faire machine arrière en 2002 pour mettre fin à différents procès. Ernest Cannon, célèbre avocat et propriétaire de feu JAE BAR FLETCH dont il possède un clone, a déjà annoncé son intention de poursuivre l'AQHA en cas de refus d'inscription au Stud-Book de son nouveau jouet. L'AQHA de son côté avance l'hostilité de nombreux membres qui pour des raisons philosophiques ou personnelles considèrent que le clonage n'est pas qu'une simple avancée technologique en matière d'élevage. L'association met aussi en avant certains problèmes pratiques comme, entre autres, l'impossibilité pour le moment de distinguer par un test génétique l'original du clone. On peut quand même souligner qu'elle accepte d'enregistrer les jumeaux alors que le problème est en théorie exactement le même. En réalité, l'AQHA est tiraillée entre la crainte de voir des chevaux non enregistrés briller et la peur de se lancer tête baissée dans un inconnu qui fait peur et scandalise de nombreux membres.

La NCHA a déjà tranché
Du côté de la NCHA, on a eu beaucoup moins d'états d'âmes et on a été comme souvent plus pragmatique. Certains éleveurs ou propriétaires ont su convaincre de la nécessité d'accepter les clones sur les concours de Cutting dès le prochain NCHA Futurity en Décembre 2009. Phil Rapp, toujours dans les bons coups, s'est empressé de préciser qu'il en avait justement 2 sous le coude prêts à être lancés dans l'arène dès cette année. On se dirige donc vers une première mondiale à Fort Worth. Pour la première fois, WHAT'S ON TAP, un clone de TAP OLENA, et PLABOYS RUBY TOO, un autre de PLAYBOYS RUBY, pourraient participer à une compétition équestre. Les cutters se sont en fait lancés il y a longtemps dans le clonage. Que ce soit Elaine Hall avec son clone de ROYAL BLUE BOON ou Lindy Burch avec des clones de BET YER BLUE BOONS, chaque année apporte son lot de copies génétiques. Pour autant, certains veulent quand même garder une certaine mesure. Ainsi, ROYAL BLUE BOON TOO ou les 5 clones de SMART LITTLE LENA ne seront ni entraînés ni showés. Le risque de ternir la légende est trop important.

Pétard mouillé ?
L décision de la NCHA n'est pas forcément dénuée de sens. On ne peut pas nier les enjeux économiques du clonage. Pour un propriétaire de chevaux, cloner une excellente jument ou un étalon de 1ère classe est tentant. Bien sûr, il faut pour cela investir la coquette somme de $ 150 000. ViaGen s'annonce d'ailleurs comme une entreprise très rentable. Quelle que soit la décision de l'AQHA, les éleveurs auront recours au clonage : business is business. On ne peut pas non plus nier l'attrait des clones sur le sport. Qui n'a jamais rêvé de regarder les légendes d'hier se confronter aux stars d'aujourd'hui ? Enfin, permettre à des chevaux accidentés ou partis trop jeunes de reproduire peut se défendre. La "sélection naturelle" reste malgré tout et dans une certaine mesure un des principes fondateurs de l'élevage. Cloner des hongres est à ce titre une hérésie dans la mesure où on a bien du les castrer pour une très bonne raison qui devrait donc continuer de les empêcher de reproduire. La NCHA a décidé d'autoriser pour le moment les clones à concourir. C'est une première mondiale qu'une discipline équestre se prononce clairement en faveur du clonage. Les prochaines éditions du NCHA Futurity marqueront à bien des égards un tournant décisif. Il est possible que si les clones y brillent cela donne des idées à de nombreux éleveurs ou propriétaires.

Mais le précédent DOC'S SERENDIPITY devrait en refroidir plus d'un. Vendu $ 24 000, son clone est loin d'avoir été une affaire très rentable pour l'instant. La valeur économique des clones reste sujet à caution. D'une façon plus générale, on peut douter de l'efficacité des clones que ce soit en show ou en matière d'élevage. Le sport évolue d'années en années. L'avenir est plus sûrement aux filles de HIGH BROW CAT croisées avec DUAL REY, HES A PEPTOSPOONFUL ou bientôt avec d'autres stars qui se révéleront dans les années à venir qu'à des clones de chevaux nés il y a 20 ans. Recycler de vieilles origines, hormis quelques cas exceptionnels, semblent vouer à l'échec. Si les choses dégénèrent et que les clones se multiplient, il sera toujours temps de revenir en arrière et de leur interdire de s'inscrire aux shows NCHA. Pour l'AQHA la question est plus problématique car le ver est déjà dans le fruit. La solution la plus simple consiste à ne pas céder. Mais si des clones DNA se mettent à briller en shows, il sera très dur de résister aux sirènes du clonage. De sacrés maux de tête en perspective pour les membres de notre task force.
